Affichage des articles dont le libellé est Bouddha. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bouddha. Afficher tous les articles

26 déc. 2025

MIROIR ANCIEN 1 Bouddhas et Maîtres communiquant directement et préservant leur réception : tel est le miroir ancien. Même vue même face, même façonnement même image, même exercice même preuve. Le peuple Ko vient, le peuple Ko apparaît, l’espace ne se mesure pas, le peuple Han vient, le peuple Han apparaît, un instant dix mille ans. L’ancien vient, l’ancien apparaît, le présent vient, le présent apparaît, le Bouddha vient, le Bouddha apparaît, le Maître vient, le Maître apparaît. 2 Le 18° maître Kyayashata, très estimable, est un homme du pays Madai de l’ouest. Son nom est Utsuzuran. Tengai est le nom de son père, Hosho celui de sa mère. Un jour, sa mère fit le rêve d’un grand dieu venant vers elle et portant un miroir. Elle devint tout de suite enceinte et, en 7 jours, elle mit au monde le maître Kyayashata. Ce maître, tout juste né, avait la peau lisse comme l’aigue-marine et avant d’être lavé son corps était propre et parfumé. Toute son enfance il a aimé le recueillement et ses paroles différaient des autres. Depuis sa naissance, il a été accompagné par ce disque unique et rond, clair et pur. 3 Ce « disque rond » est le miroir rond, c’est là un événement extraordinaire. « Né en même temps » ne signifie nullement que ce disque rond est né du sein de sa mère. Ce maître est né du sein de sa mère et, au moment de naître, ce même disque est venu et apparu tout autour de lui spontanément comme un élément indispensable. La manière d’être de ce disque rond n’est guère habituelle. Quand, enfant, le maître venait, c’était comme s’il élevait dans ses mains ce disque rond et pourtant son visage ne s’en trouvait pas caché. Quand il partait, c’était comme s’il le portait sur le dos sans et pourtant son corps ne s’en trouvait pas caché. Quand il dormait, c’était comme si le disque rond le recouvrait d’un chapiteau de fleurs. Quand il s’asseyait correctement, le disque rond lui venait en face. Il y avait accompagnement réciproque de l’un et l’autre selon le mouvement, vertical, horizontal, et selon l’arrêt. Davantage, tous les événements concernant le bouddha depuis l’antiquité jusqu’à aujourd’hui, pouvaient être vus dans ce miroir. De plus, tout ce qui concerne les êtres et les lois des mondes céleste et humain se reflètaient sur ce miroir et il n’y avait rien de voilé. Par exemple, regarder les choses à travers un tel disque est plus éclairant que, par exemple, voir le présent à la lumière du passé moyennant les textes bouddhiques . 4 Pourtant, c’est alors que l’enfant s’en va de chez lui et reçoit les préceptes (se fait moine) que le miroir cessa de se présenter. C’est pourquoi tous sans exception furent émerveillés par un tel miracle. Certes il est difficile de trouver quelque chose de comparable dans ce monde, mais ne doutez pas qu’il puisse y avoir de telle graine dans un autre monde et pensez-. Il faut savoir que s’il y a un volume de sutra qui s’est transformé en arbre et en pierre et la connaissance qui circule du pied des montagnes jusque dans les plaines, c’est encore le miroir. Le papier jauni et le rouleau rouge que je tiens à présent est le miroir. Qui pourrait considérer ce maître comme si mystérieux qu’on ne le voit ni l’entende ? 5 Un jour qu’il était sorti se distraire, il fit la rencontre du noble 17° patriarche Sogyanandai. Immédiatement, comme il arrivait droit sur lui, ce maître lui dit : « De ce que tu possèdes, quelle en est l’apparence ? Il faut apprendre et exercer ce « Quelle en est l’apparence ? » non pas dans le jeu des questions-réponses. Ce n’est pas en s’interrogeant qu’il faut apprendre ce dont il y a l’apparence. 6 Le 18° maître dit ainsi au 17° : « Le grand disque rond des bouddhas, ni à l’intérieur ni à l’extérieur, ne se voile. Tous deux nous sommes en mesure d’un égal regard. Le cœur et l’œil se ressemblent en tout. » En ce cas-là, comment le grand disque rond des bouddhas a-t-il pu naître en même temps que le maître ? La naissance d’un maître est celle de la clarté du grand disque. Les bouddhas font de ce disque rond le même en exercice et en regard. Les bouddhas sont l’image façonnante du grand disque rond. Le grand disque rond n’est ni la sagesse ni le principe, il n’est ni l’être ni l’apparence. Dans la doctrine des dix êtres sacrés et des trois sages, on trouve le nom du « grand disque rond » mais ce n’est pas le grand disque rond des bouddhas de maintenant. Les bouddhas ne sont pas seulement la sagesse, et c’est pourquoi il se trouve en eux. de la sagesse. On ne fait pas de la sagesse un bouddha. 7 Celui qui apprend doit savoir que l’explication de la sagesse n’est pas encore l’explication ultime de l’expression de la bouddhéité. Bien que l’on ait compris déjà que le grand disque rond des bouddhas soit né avec le 18° maître, il faut en connaître encore la raison précise. Ce qu’on appelle ici « grand disque rond » est sans rapport à cette vie, sans rapport à une autre. Ce n’est ni le miroir précieux, ni le miroir de cuivre, ni le miroir de chair, ni le miroir de mœlle. Est-ce alors le disque rond qui en frappe la parole ou bien l’enfant qui en frappe l’explication. ? Certes, cet enfant a expliqué la frappe des 4 vers, mais il ne l’a pas d’abord apprise. Ces 4 vers ne se tiennent pas d’abord commee un volume de sutra, pas d’abord comme un certain savoir. C’est comme il expose le miroir rond qu’il en explique la frappe. Ce maître, depuis sa prime enfance, s’est comporté sans cesse en miroir. C’était comme s’il avait la sagesse innée. Tantôt ce grand disque rond vit la même chose que cet enfant et tantôt cet enfant vit la même chose que ce grand disque rond : ce doit être précisément ensemble l’avant et l’après qu’ils vivent. Le grand disque rond est le mérite effectif de la bouddhéité. 8 Dire que ce miroir ne s’assombrit pas de l’intérieur comme de l’extérieur veut dire que l’extérieur n’attend rien de l’intérieur et que l’intérieur ne se couvre pas de ce que l’extérieur se couvre. Face et dos [côte à côte] n’existent pas, tous les deux se regardent en même temps. « Cœur et œil se ressemblent » Se ressembler veut dire la rencontre de l’homme en l’homme. Ainsi, pour l’image de l’intérieur, il y a le cœur et l’œil et c’est se regarder en même temps. Ainsi, pour l’image de l’extérieur, il y a le cœur et l’œil et c’est se regarder en même temps. Devant ce présent même les rétributions directe et indirecte toutes deux se ressemblent à l’intérieur comme à l’extérieur. Ce n’est pas moi, ce n’est pas l’autre, c’est les deux à se regarder, c’est les deux à se ressembler. Lui aussi s’appelle moi et moi je deviens lui. 9 Dire que le cœur et l’œil se ressemblent en tout c’est dire qu’il y a ressemblance du cœur au cœur et du regard au regard. Se ressembler c’est là le cœur, c’est là l’œil. Par exemple, c’est comme dire cœur & œil chacun se ressemblent. Comment se fait-il que du cœur le cœur se ressemble ? Il s’agit justement de ceux qu’on appelle les 3° et 6° maîtres. Comment se fait-il que de l’œil l’œil se ressemble ? Il s’agit justement de ce qui accède au regard dans l’obstacle de l’œil. 10 Maintenant on voit que l’essentiel de ce qu’il a pu dire est bien ainsi. C’est précisément la raison de sa rencontre avec Sogyanandai. C’est à la hauteur de cet enseignement essentiel qu’il faut apprendre la face bouddha et la face maître du grand disque rond qui fait l’entour de l’ancien miroir. 11 Jadis, quand le 33° maître, Daikanzenshi étudiait chez Daimankonin il a proposé ce verset à son maître, en l’écrivant sur un mur : « Bodai dès l’origine n’est pas arbre (l’éveil était alors sans site) ; le miroir clair est absolument sans consistance (il n’a pas d’assise). Ce qui de soi arrive n’étant pas chose, comment y aurait-il une poussière ? 12 S’il en est ainsi, il faut apprendre à saisir ce qui saisit dans cette expression. C’est parce qu’il s’agit du maître nommé Daikankoso qu’on appelle cet homme l’ancien bouddha. En effet, d’après Engozenshi, c’est saluer du mont Soke l’ancien bouddha lui-même. C’est ainsi qu’il faut comprendre que le miroir clair de Daikankoso se désigne comme « ce qui de soi arrive n’étant pas chose, comment y aurait-il une poussière ? » « Le miroir clair est absolument sans consistance ». De tout ce qui éclaire il y a miroir clair. C’est pourquoi on dit : « A l’arrivée du clair, frapper du clair.» Puisqu’il n’y a aucun lieu à se demander le lieu qu’on se demande n’existe pas. Et davantage s’agissant du miroir, il n’y a pas un lieu dans tout l’univers pour une poussière, comment une poussière qui n’est pas du miroir pourrait-elle prendre place dans tout l’univers ? Comment une poussière qui n’est pas du miroir pourrait-elle prendre place dans le miroir ? Il faut savoir que l’univers entier n’est pas un mince espace de terre, donc c’est la face de l’ancien miroir. 13 Pendant l’assemblée du maître zen Nangokudaiso un moine lui demanda : « Si le miroir se fait image , où la clarté peut-elle se rendre ? Le maître : cher ami, la tête que vous aviez avant de prendre la voie, où s’est-elle donc rendue ? Le moine : Alors après, pourquoi le disque ne s’éclaire pas ? Le maître : Simplement le disque n’éclaire pas, et ne saurait trahir le moindre point . » 14 Maintenant si l’on poursuit la recherche, c’est pour toute image avant même d’en considérer l’objet, que l’on peut vérifier que le miroir se fait dans l’expression du maître. Certes, le miroir n’est pas en or, pas en pierre précieuse, pas en clarté, pas en image, mais dès l’instant que le miroir se façonne, c’est là précisément qu’on est renvoyé au questionnement sur le miroir. « Où la clarté peut-elle se rendre ? » revient à saisir l’expression : « si le miroir se fait image » comme l’image se façonne au miroir. En d’autres termes, là où l’image se rend, c’est le lieu de l’image et pouvoir façonner c’est le miroir du façonnement. « La tête que vous aviez avant de prendre la voie, où s’est-elle donc rendue ? ». Cette expression signifie que c’est en élevant le miroir que le visage s’éclaire. A cet instant, tous les visages sont-ils autre chose que le visage de soi ? Le maître dit : « Simplement le disque n’éclaire pas, impossible qu’il trahisse même un point. » Cette expression signifie que la clarté du disque est impossible et que trahir l’autre est impossible. Il faut savoir que même si l’on épuise l’océan, le fond n’apparaît pas, et ne pas se briser ne pas s’affoler. Mais il faut encore aller plus loin et comprendre la raison de l’image pétrie au miroir du façonnement. Le temps d’être tel, dans la démultiplication des lumières du disque, rend trahison sur trahison et point sur point. 15 Un jour, le grand maître Sepposhinkaku, s’adressant à la foule réunie , dit ainsi : « Il faut comprendre ceci : moi, depuis cet endroit, comme l’ancien miroir d’une face, je fais ressembler tout ce qui est en face. Le peuple Ko vient, le peuple Ko apparaît. Le peuple Han vient, le peuple Han apparaît. » A cet instant Gensha s’est avancé pour demander : « Si par hasard se rencontre un miroir clair, que se passe-t-il ? Le maître : Ko et Han se cachent ensemble. Gensha : D’après moi ce n’est pas ça. Le maître : D’après toi, c’est comment ? Gensha : Alors si vous voulez, maître, interroger. Le maître : « Si par hasard se rencontre un miroir clair, que se passe-t-il ? Gensha : Cent éclats dispersés. » 16 Il faut réfléchir pendant quelque temps à « ceci » qui, dans l’expression de Seppo, signifie ce qu’est l’événement tel quel. Il faut essayer pendant quelque temps l’ancien miroir de Seppo. Dans l’expression « comme l’ancien miroir d’une face », une face signifie quelque chose sans limite, sans dehors ni dedans. L’autonomie d’une boule polie roule sur le plateau. A présent « Le peuple Ko vient, le peuple Ko apparaît » signifie la barbe rousse et son image reviennent au même. « Le peuple Han vient, le peuple Han apparaît », malgré la transmission des 3 et 5 éléments, le mythe du grand chaos et plus précisément le mythe de l’ancien plateau, le Han dont il s’agit maintenant dans l’expression de Seppo est ce qui se manifeste Han sous la poussée de l’ancien miroir. Puisque le (peuple) Han d’aujourd’hui n’est pas le (peuple) Han, c’est de la présence (du peuple) Han qu’il s’agit . A présent dans les mots de Seppo, « Ko et Han se cachent tous deux », il faut s’avancer d’un pas et aller jusqu’à dire que « le miroir se cache en soi-même. » Pour ce qui est des « Cent éclats dispersés » de l’expression de Gensha, et certes l’expression est nécessairement telle quelle pour elle-même, mais alors il y a ceci qui arrive contre le toi-même qui est en même temps ceci qui arrive, éclats dispersés, se remettre au moi-même. Comment l’apparition du clair miroir peut-elle se rendre à soi ? C’est tel quel que se restitue le miroir clair. 17 A l’époque de l’empereur Kotei il y avait un miroir en douze faces. D’après les règles transmises dans sa famille, il s’agirait d’un don du ciel. D’après une autre tradition, on dit qu’il a été remis à l’ermite Koseishi sur le mont Kotosan. Il y a une façon d’utiliser ces douze faces : pour les douze heures, d’heure en heure, on utilise une face. Pour les douze mois, on applique à chaque mois chaque face. Pour les douze ans, année par année on utilise face après face. Il est dit encore que le miroir est le sutra de Koseishi. D’après ce qui fut transmis à Kotei l’on affirme que ces douze « temps » sont le miroir. C’est pourquoi il éclaire l’ancien et l’aujourd’hui. Si les douze temps n’étaient pas le miroir, comment pourrait-on éclairer l’ancien ? Si les douze temps n’étaient pas le miroir, comment pourrait-on éclairer l’aujourd’hui ? En fait ces douze « temps » sont les douze faces et les douze faces sont les douze miroirs. L’ancien et l’aujourd’hui sont là où les douze temps s’appliquent. Ils désignent cette raison Même si c’est la manière dont les profanes ont reçu l’expression, elle touche directement les douze temps de la présence Han . L’empereur chinois Kenwen a gravi à genoux la montagne Kuto pour interroger Koseishi. C’est à cette occasion que Koseishi a prononcé ces mots : « Le miroir est la racine du yin yang. Gouverner le corps est éternellement long. Dès l’origine, il y a trois miroirs : le ciel, la terre et l’homme. Ces miroirs ne sont rien de visible, rien d’audible non plus. Embrasser le divin signifie avoir le divin à l’esprit et ainsi la forme est spontanément juste. Nécessairement sereine. Cela ne dérange pas ta forme, cela ne secoue pas ton esprit. Avec cela tu vivras longtemps. » Autrefois on a gouverné le monde et la grande voie avec les trois miroirs. C’est avec ce qui éclaire dans cette grande voie que l’on se fait un seigneur de la Terre et du Ciel. Les profanes disent : « Taishu utilise l’homme comme miroir. Taishu avec cela peut connaître la sécurité, le risque, l’ordre et le désordre. » C’est là utiliser seulement l’un des trois miroirs. Si l’on comprend qu’« utiliser l’homme comme miroir » c’est interroger quelque sage sur le passé et le présent, pour savoir ce qu’il faut retenir et laisser, l’utile et l’inutile, Taishu aurait dit que posséder un tel ministre en Gisho ou Bogendi permet de tout gouverner. A entendre ainsi les choses, on passe à côté de l’essentiel de la parole de Taishu : « Utiliser l’homme comme miroir ». Utiliser l’homme comme miroir, cela signifie utiliser le miroir comme miroir, s’utiliser soi-même comme miroir. Utiliser les cinq éléments comme miroir. Utiliser les cinq vertus comme miroir. A regarder venir et partir les apparences d’hommes, c’est ce qu’on appelle la raison du miroir en l’homme de venir sans provenance et de partir sans destin Sagesse et non sagesse font la totalité des choses et il y en a l’apparence dans tout l’univers. C’est là précisément la texture croisée pour tout ce qui doit être. L’homme et le miroir en face, c’est le soleil et la lune en face Que le génie des cinq montagnes et le génie des quatre fleuves, traversant les époques, rendent limpides les quatre mers, c’est alors que le miroir est en usage. Clarifier l’homme et les choses, mesurer les croisements, voilà ce que désignent les mots de Taishu et non pas déjà tout savoir. 18 Au Japon, depuis le temps des dieux, il y a trois miroirs, le sceau et l’épée, qui se sont transmis ensemble jusqu’à présent. L’un se trouve dans le grand temple d’Isé, un autre, toujours dans le pays de Ki, au temple Hinosaki, un autre dans le Dairi. Ainsi, chaque état possède par tradition un miroir. Posséder un miroir revient à posséder un état. D’après ce que l’on sait, ces trois miroirs se sont transmis à l’égal d’une divinité, et on l’interprète comme une transmission depuis la grande déesse Amaterasu. C’est ainsi que le cuivre cent fois refondu est aussi ce qui se transmue en yin yang. Ce serait que le présent vient, le présent est là ; l’ancien vient, l’ancien est là. Ce qui éclaire l’ancien et le présent doit être l’ancien miroir. L’essentiel de l’enseignement de Seppo dit aussi : « La Corée vient, la Corée est là » que « Le Japon vient, le Japon est là ». Le ciel vient, le ciel est là ; l’homme vient l’homme est là. Bien que l’on apprenne ainsi être là et venir, nous autres maintenant nous ne savons pas l’origine et le terme de cet « être là » , mais c’est simplement qu’on ne fait que regarder l’« être là ». Il ne faut pas apprendre que venir et être là soient nécessairement un savoir, une compréhension. Est-ce que maintenant l’essentiel de l’enseignement de Soshi est de dire que venir, pour l’étranger, c’est être là ? Venir, pour l’étranger, n’est autre chose que venir. Etre là, pour l’étranger, n’est autre chose qu’être là. Ce n’est donc pas venir pour être là. Même si l’ancien miroir est l’ancien miroir, apprendre ceci doit encore faire nécessité. 19 Gensha s’avance et demande : « Si par hasard se rencontre un miroir clair, que se passe-t-il ? » Il faut interroger cette expression et la rendre claire. Ce qu’on appelle maintenant posséder l’expression du « clair », qu’est-ce que cela peut être ? Il faut comprendre l’expression dont il s’agit comme ceci : ce venir n’est absolument pas le venir étranger ou chinois mais le venir clair miroir, et ce n’est jamais prendre la forme de l’étranger ou du chinois. Le venir clair miroir est précisément le venir clair miroir, il ne doit pas s’agir de deux. Et même s’il est dit qu’il ne fait pas deux l’ancien miroir est l’ancien miroir et le clair miroir est le clair miroir. L’évidence de cette marque est que Seppo et Gensha l’ont reçue de telle façon qu’il y a l’ancien miroir et qu’il y a le clair miroir. Il faut que cela soit l’essence pure et l’événement de l’accès à l’Eveil. Il faut comprendre que les mots de Gensha « venir clair miroir » sont purs et transparents dans tous les sens. Il faut comprendre que toutes les surfaces sont limpides et qu’il n’y a ni dessous ni dessus. Dans la rencontre de l’être il faut qu’il y ait sortie immédiate. En ce cas-là, le clair du miroir clair et l’ancien du miroir ancien sont-ils les mêmes ou bien sont-ils autres ? Peut-on penser qu’il y ait et ne peut-on penser qu’il y ait la logique de l’ancien dans le miroir clair et la logique du clair dans le miroir ancien ? Il ne faut pas apprendre ce que c’est que le clair avec le mot même de miroir ancien. L’objet même de l’étude c’est de savoir si c’est au soi d’être tel ou à l’autre d’être tel. La logique des maîtres indiens c’est aussi d’être tel et il faut vite l’exercer et l’assimiler en entier. Dans la façon de saisir des anciens maîtres c’est d’exercer l’ancien miroir en réception. Dans la façon des anciens maîtres, ils se laissent eux-mêmes polir par la façon de l’ancien miroir. Est ce que dans le cas du miroir clair c’est ainsi ? Il faut donc poursuivre l’apprendre à travers les mots des Eveillés et des anciens maîtres. 20 La parole de Seppo : « L’étranger, le cultivé se cachent tous deux » signifie que l’étranger et le cultivé aussi bien se cachent tous deux dans l’instant du clair miroir. La logique de se cacher tous deux, qu’est-ce que c’est? Le fait que l’étranger le cultivé viennent et apparaissent déjà, bien que cela n’empêche pas l’ancien miroir – pourquoi maintenant tous deux se cachent-ils ? Même si l’ancien miroir est : l’étranger vient, l’étranger apparaît, le cultivé vient, le cultivé apparaît, comme le venir clair miroir n’est rien que venir clair miroir, l’étranger le cultivé, dans l’apparition même de l’ancien miroir s’abritent. C’est pourquoi dans la parole de Seppo aussi il y a une face de l’ancien miroir et il y a une face du clair miroir. C’est à l’instant juste de venir clair miroir qu’il faut s’éclaircir en établissant la logique selon laquelle on ne doit pas s’opposer à ceci que l’étranger le cultivé apparaissent ancien miroir. Maintenant, cette façon de recevoir l’expression « L’étranger vient, l’étranger apparaît; le cultivé vient, le cultivé apparaît » comme ancien miroir ne veut pas dire qu’il y a venir et apparaître sur, venir et apparaître dessous, venir et apparaître en dehors de l’ancien miroir, ni même venir et apparaître au même temps que lui (avec lui). Il faut se mettre à l’écoute de ces mots. C’est à l’occasion même d’apparaître venant (venir à apparaître) pour l’étranger le cultivé que vient apparaissant (s’apparaît à venir) l’étranger le cultivé de l’ancien miroir et dire ainsi que cette occasion pour l’étranger le cultivé de se cacher disparaissant serait celle du miroir qui devrait posséder à part son existence en y trouvant expression, c’est à ce moment-même dans l’apparaître s’obscurir et dans le venir se dissiper. Cela n’atteint même pas le non-sens. C’est alors que Gensha dit « Pour moi ce n’est pas ça. Seppo : Et alors, c’est quoi?. Gensha : Pour ce qui fait recherche Seppo doit le redemander. » Maintenant ce que Gensha dit ainsi : « du recherché c’est ce qui redemande (c’est - à le redemander) », il ne faut pas le négliger/mésinterpréter. Pour ainsi dire la question de Wosho (Seppo) qui lui vient est celle-là même qui devient sa demande. Si ce n’est pas là quelque chose qui se passe entre père & fils, comment cela pourrait-il être? Une fois posé que le cherché n’existe qu’à se demander (ce qui est ne se cherche qu’en demande/qu’à redemander), l’homme du Tel doit nécessairement saisir le lieu de la question (se saisir tel lui-même en question/saisir l’ansi même qui se met en question) Une fois frappé par la foudre à se saisir en question (la foudre de cette saisie du point de question) on ne peut peut s’en détourner. 21 Seppo dit : « Comment se fait l’immédiate encontre à venir clair miroir ? » C’est une voie de l’ancien miroir que le père le fils ensemble en recherche se saisissent en question (Se saisir du lieu de question dont le père le fils s’interrogent ensemble est un seul sens de l’ancien miroir) Gensha dit : « Cent éclats brisés » Cette forme de réception signifie que quelque chose se brise en cent, mille, dix-mille morceaux. Pour ainsi dire cette formule de se demander comment se fait l’immédiate encontre du venir clair miroir c’est cent éclats brisés. Il faut saisir l’apprendre que les cents éclats brisés doivent être le miroir clair. Parce que s’il on obtient le clair miroir, ce doit être en cent éclats brisés. Là même où c’est cent éclats c’est le clair miroir. Il ne faut pas s’imaginer que d’abord il y a l’état de pas encore en cent éclats brisés et après un autre état qui serait de non éclats brisés. C’est toujours simplement d’éclats brisés. Faire face en cent éclats brisés c’est d’une seule cîme qui se dresse. Or ce dont on parle maintenant et fait cent éclats brisés, est-ce d’avoir exprimé l’ancien miroir ou d’avoir exprimé le clair miroir ? Certes on peut parvenir à s’interroger sur l’ancien miroir ou le clair miroir mais lorsque l’on examine et argumente sur l’expression de Gensha : le sable, les cailloux, les haies, les murs, toutes les choses ne forment plus qu’un bout de langue et l’on devrait se dire voilà cent éclats brisés. La forme brisée en cent éclats se dit-on alors ce que c’est ? L’éternelle ancienneté de l’abîme azurée, le vide sphérique de la lune. 22 Le grand maître de l’éveil parfait Seppo et le maître zen Sanchoinenen, comme ils marchaient aperçurent un groupe de singes. A ce moment Seppo dit : « Ces singes-là : chacun porte au dos un vieux miroir ! » Ces mots doivent être appris comme il faut. Ce qu’on appelle MIKO ce sont des singes. Et ces MIKO que Seppo regarde, comment sont-ils ? En se demandant ainsi, on doit interroger encore. Et même si c’est immensément long il ne faut pas cesser d’y revenir. Pour ce qui est de cette expression de Seppo « Chacun porte au dos un vieux miroir », même si l’ancien miroir est la face de l’ancêtre des éveillés, et même après l’éveil, l’ancien miroir reste l’ancien miroir. « Ces singes-là, chacun d’eux porte au dos un vieux miroir », dans cette phrase, pas de face élevée pas de face rabaissée : il n’y a que l’ancien miroir d’une face. Ce qu’on appelle « porter au dos » c’est par exemple le fait de coller quelque chose derrière l’image de Bouddha. Cette application d’un dos au dos des singes est faite avec l’ancien miroir. « Mais quelle genre de colle utiliser ? » lui demande-t-on. Si l’on osait dire : A l’arrière du singe c’est faire l’application d’ancien miroir comme à l’arrière de l’ancien miroir c’est faire l’application de singe. « Pour faire le dos de l’ancien miroir on utilise de l’ancien miroir et pour faire le dos de singe on utilise du singe. » « À chaque dos sa face » : ce n’est pas là bâtir sur rien. Il y a une propriété d’expression qui est la propriété qui s’exprime. Mais alors quoi – _est-ce du singe ou de l’ancien miroir? Ce qui se désigne dans l’expression c’est « comment »? Est-ce que déjà nous sommes singes ou singes nous ne sommes pas ? A qui le demander ? Le fait que je sois singe ce n’est pas un problème de perception, et ce que moi je ne sais pas, ce n’est pas l’autre qui le saura. Ce n’est pas la peine de pourchasser le soi-même du soi-même. 23 Sansho dit : La mesure infinie est sans nom. Pourquoi donc appelle-t-on ce qui par nature n’a pas de nom du nom d’ancien miroir ? Cette question atteste que l’ancien miroir de Sansho est une feuille à une seule face. Ce qu’on appelle mesure infinie est avant l’apparition des pensées et des désirs, là où l’intérieur de l’infini n’apparaît même pas. Ce qu’on appelle sans nom est la face jour et la face lune de la mesure infinie, c’est la face ancien miroir et la face clair miroir. Si ce qui est ainsi sans nom n’était pas purement sans nom, la mesure infinie ne pourrait pas être la mesure infinie. Si la mesure infinie n’était pas d’avance la mesure infinie l’expression de Sansho ne pourrait pas être ce qu’elle est. Pourtant ce qu’on désigne avant l’apparition de toute pensée est le jour présent. Sans laisser échapper le jour présent il faut l’affiner et polir. Pourtant, à écouter la mesure infinie sans nom, c’est quelque chose de lointain qui sonne. Comme la tête du dragon et la queue du serpent, c’est à se demander s’il faut appeler du nom d’Ancien miroir ce qui n’a pas de nom. 24 A ce moment-là Seppo aurait pu répondre à Seppo que l’ancien miroir est l’ancien miroir. Pourtant, au lieu d’en rester là, il poursuit : « Le défaut s’est manifesté » On pourrait se demander comment l’ancien miroir qui est parfait peut être mis en défaut mais dans l’expression mesure infinie sans nom l’on considère le défaut d’expression comme une expression du défaut. L’apparition du défaut de l’ancien miroir est tout l’ancien miroir. Comme Sansho est encore prisonnier de ce qu’il a appris sous la voûte des mots, l’expression est le défaut. C’est pourquoi l’ancien miroir laisse apparaître le défaut, et que dans ce défaut même l’ancien miroir apparaît comme ce qu’il faut apprendre. 25 Sansho dit : par quelle sorte de précipitation y a-t-il recouvrement de savoir ce qui est dit ? L’essentiel de l’enseignement à retirer est de se demander en quoi il y a précipitation. La précipitation en question vient-elle à se passer dans l’instant même ou dans l’écart ? Vient-elle depuis soi ou depuis l’autre ? De l’univers sans fin ou bien de cette époque-là ? Il faut préciser avec soin ce dont il s’agit. Concernant « ce qui est dit », ce qu’on appelle « dire » ici est le dire où il est dit à présent, le dire où il ne se dit pas encore et le dire où il s’est déjà dit. Maintenant se manifeste la raison de ce qui est dit. Par exemple, s’agit-il de ce qui est dit la terre, les vivants, l’en même temps ou ce qui devient ? De plus, ce n’est pas comme le vêtement que l’on rénove. C’est pourquoi il y a recouvrement de savoir. On ne connaît pas celui qui est face à l’Empereur et ceux qui se font face ne se connaissent pas non plus. Cela ne veut pas dire que ce qui est dit n’existe pas mais qu’il n’est pas connu. Ne pas connaître, c’est rester le cœur nu et poursuivre la transparence de l’invisible. 26 Seppo dit : Le vieux moine est en défaut. Pour ainsi dire : « Je me suis mal exprimé » a-t-il dit, mais bien qu’il le dise il ne faut pas prendre cette expression pour un aveu d’erreur. De même que le vieux patron est au fond de la maison, le vieux moine signifie le cœur même. Autrement dit, on n’apprend rien si ce n’est de ce « vieux moine ». Les mille variations et tous les changements, le sommet divin et le seuil infernal se ramènent en l’unique coup de Go du « vieux moine ». L’Eveillé apparaît, le maître apparaît, une pensée, l’éternité, et malgré cela il n’y a que l’unique coup de Go du « vieux moine ». Le défaut : de s’y trop adonner. 27 Rappelons que Seppo est le 1er disciple de Tokusan, et Sansho la jambe divine de Lintzi. Tous les deux sont également d’origine prestigieuse. L’un descend de Seigen, l’autre de Nangaku. Ils ont apporté le vieux miroir comme on vient de le rapporter. Cela doit être le modèle pour tous ceux qui suivent. 28 Seppo Jishuni dit en s’adressant à l’assemblée : L’univers fait un jo, l’ancien miroir fait un jo ; l’univers : un shaku, l’ancien miroir : un shaku. C’est alors que Gensha dit en montrant le four : C’est à se dire un instant que le foyer se mesure en plus et moins. Seppo dit : « Tout comme l’ancien miroir se mesure. » Gensha dit : « Les talons du vieux moine peuvent bien ne pas toucher terre. » « Un jo », on l’appelle l’univers et l’univers est d’un jo. « Un shaku » fait l’univers et l’univers est d’un shaku. Un jo d’ici, un shaku d’ici, on l’appelle l’univers et ce n’est pas là un autre jo, un autre shaku. Si l’on apprend de cette manière le rapport on peut dire que la mesure de l’univers est ce que les gens en pensent d’habitude, à savoir sans mesure ni limite, comme la grande immensité universelle, mais il ne s’agit là que d’une piètre façon de mesurer, d’après soi, et c’est comme si par là on désignait seulement le pays d’à côté. En un tournemain on fait de cet univers un jo. Et c’est pourquoi Seppo peut dire l’ancien miroir d’un jo, l’univers d’un jo. 29 Pour apprendre un tel jo, il faut partir d’un bord dont l’univers se mesure. Et de même pour percevoir l’expression de l’ancien miroir il faut savoir ne pas en rester à l’aspect d’une fine feuille de glace, car il ne s’agit pas de cela. Même si l’on peut dire que la mesure d’un jo est la même que celle de l’univers, il faut encore se demander si tantôt l’on identifie tantôt l’on égalise l’apparition de la forme et le contenu sans bord de l’univers. L’ancien miroir en outre n’est pas comme « l’unique perle claire ». Il ne faut pas considérer l’ancien miroir comme quelque chose de définissable par la limite des formes. Même si le monde des dix directions achevées est l’unique perle claire il n’est par pour autant identifiable à l’ancien miroir. 30 C’est pourquoi l’ancien miroir ne concerne ni le venir & apparaître de l’étranger ou du chinois, ni le clair et le voilé qui permet de repérer les lignes. Ce n’est ni en quantité ni en étendue qu’il se mesure. La mesure désigne la prise du compte et non l’étendue. Ce qu’on appelle mesure signifie le genre numéral de l’ancien miroir. Ce que l’on fait habituellement quand on compte par espèce d’objet. C’est comme si on comptait dans ce monde 2 ou 3 cm ou 7 ou 8 choses. Pour le calcul d’un pas dans l’éveil de la voie on compte en grand éveil et en absence d’éveil: c’est ainsi que l’on manifeste ce qu’il en est du compte pour 2 ou 3 mesures. Pour savoir combien de maîtres ou de bouddhas, on manifeste le compte par 5 ou 10 feuilles. Et ainsi par ce compte chaque fois apparaît le maître, le bouddha. Un jo est la mesure de l’ancien miroir et mesurer l’ancien miroir se fait d’une feuille. 31 Gensha dit : le foyer se mesure en plus et moins ; là est l’expression qui ne cache rien. Il faut l’étudier des années durant. A regarder maintenant au foyer, qui peut en approcher – quelqu’un – qui s’y regarde ? (quelqu’un peut-il en approcher s’il s’y regarde ? peut-il s’y regarder s’il se garde lui-même au foyer ?) A regarder au foyer, ce n’est pas 7 ou 8 shaku. Ce n’est pas seulement s’arracher de l’occasion d’en parler mais manifester la retenue du sol (le temps-sol, le moment-terre) de la nouvelle trace. Par exemple il arrive ceci : « qui peut être juste tel qu’il est tel ? » (Qu’est-ce qui peut être si juste qu’il arrive tel quel en soi/absolu/simple ?) Quand nous arrive cette parole « en mesure de plus et moins » ce que l’on dit être couramment plus et moins ne saurait être le plus et moins en question. Il ne faut pas douter de la raison de ce qui ainsi se défait dans l’endroit même. C’est à la mesure des maîtres du foyer qu’il faut entendre l’expression de Gensha et non comme un enseignement qui dépendrait des différentes phases et quantités du foyer. Parler d’un foyer donne toujours l’idée d’une présence rassemblée devant, et il ne suffit pas de mettre de côté cette idée, il faut encore la vaincre tout-à-fait. C’est là ce qui est à affronter. 32 Seppo dit : tout comme l’ancien miroir se mesure. Pour saisir cette expression, il faut posément l’éclaircir en retour. Comme il ne s’agit pas du foyer à la mesure d’un jo, on pourrait la comprendre relativement. (mais comme la mesure d’un jo n’est pas l’opposée de la mesure d’un plus ou moins) A la recevoir dans l’ordre de la mesure d’un jo, l’expression « tout comme l’ancien miroir se mesure » ne pourra pas être juste. (on ne pourra tenir ainsi les deux ordres de mesure comme justes, qu’en sera-t-il alors du foyer, c’est-à-dire juste à ce point de la mesure pour les deux) C’est à se placer « comme l’ancien miroir se mesure » qu’il faut se réfléchir. La plupart s’imagine que c’est parce qu’il ne faut pas penser que le foyer se mesure d’un jo et que cette expression est inexacte en soi. C’est plutôt l’instance de mesure qu’il faut affronter et ainsi se réfléchir et façonner jusqu’à la moindre parcelle d’ancien miroir. Il ne faut laisser passer aucune de ces manières d’être tel. L’ensemble des comportements habituels sont alors élevés au niveau des plus anciennes traces et toutes les occasions de détresse sont supprimées. 33 Gensha dit : les talons du vieux chinois peuvent bien ne pas toucher terre. Au cœur de cette formule le « vieux chinois » qui est l’équivalent du « vieux japonais » ne renvoie pas seulement à Seppo. C’est donc que Seppo doit être aussi le vieux chinois. Ce qu’il faut interroger et pousser jusqu’au terme c’est à quel endroit se trouve ce toucher terre et ce qui est ainsi appeler « toucher terre ». Aller jusqu’au terme de l’étude signifie-t-il que ce toucher terre est la réserve en regard de la juste loi, qu’il est la vacuité, l’épuisement des sols, la pulsation de vie, et combien encore qui se compte ? Est-ce que cela se compte comme des choses, des éclats de choses, en centième ou dix millième..? Il faut pouvoir apprendre tout cela ainsi. 34 S’agissant de ne pas même toucher terre, la terre ainsi nommée est de s’interroger précisément sur ce qu’il en est. Ce qu’on appelle à présent la grande terre est ce qu’un type d’être nomme « terre » dans le lieu qui lui est propre. D’aucuns pensent qu’il s’agit de la porte de l’art mystérieux, d’autres encore du lieu où les bouddhas font route. C’est pourquoi là où il faut que ses talons touchent : de quel point de terre s’agit-il ? La terre est-ce là le réel même ou purement le néant ? Et de plus, tout ce qui concerne la terre ne se trouve aucunement au milieu de la grande voie. Il faut apparaître et disparaître s’interrogeant sans cesse. 35 Le maître zen Koto du temple Kokutai près du mont Kika est interrogé par un moine : « Quand on ne polit pas l’ancien miroir, quel est-il ? Le maître répond : l’ancien miroir. Le moine : après l’avoir poli, quel est-il ? Le maître : l’ancien miroir. » Il faut savoir que l’ancien miroir dont on parle à présent, quel que soit le moment où l’on polit, ou non, qu’on l’ait déjà fait ou pas encore, est toujours dans l’uniface de l’ancien miroir. C’est pourquoi le moment de polir est toujours entièrement l’ancien miroir. Ce n’est pas avec quelque chose d’autre que l’ancien miroir, comme un mélange de mercure ou autre que l’on polit l’ancien miroir. Bien qu’il ne s’agit pas de polir en soi ni de soi-même à polir, il s’agit de polir l’ancien miroir. Au moment de ne pas encore polir, l’ancien miroir n’est pas terne. Bien que l’on reçoive l’ancien miroir comme quelque chose de terne ce n’est pas terne car c’est l’ancien miroir en activité. En gros : polir la tuile comme on polit le miroir c’est faire un miroir. Polir le miroir comme on polit la tuile c’est faire une tuile. Tout en polissant il arrive qu’on y arrive ou qu’on n’y arrive pas. L’un comme l’autre font partie de l’exercice de maître & bouddha. 36 Le maître BasoKose autrefois est allé apprendre chez Nangoku qui lui a transmis le sceau. C’est là le commencement du commencement à polir la tuile. Baso en s’installant au temple Denpowin comme tout le monde n’a pratiqué zazen que dix ans. Il faut s’imaginer cette auberge rustique dans la nuit froide, humide, où bloqué par la neige il n’a jamais cessé zazen. Nangoku un jour est allé le voir à l’auberge pour l’interroger : « Toi récemment qu’as-tu fait ? » Baso répond : « Récemment, je n’ai fait purement et simplement que suivre l’unique voie de zazen. – Et avec zazen qu’est-ce que tu comptes faire ? – Avec zazen j’ai l’intention de devenir bouddha. » A ce moment-là Nangoku prend un morceau de tuile et se met à polir une pierre au bord de la maison de Baso. Baso le considérant l’interroge. « Maître, que faites-vous ? – Je polis une tuile. – Polir une tuile pourquoi faire ? – Je polis pour faire le miroir. – A polir une tuile, est-ce qu’on peut en faire un miroir ? – A faire zazen, est-ce qu’on peut devenir bouddha ? » 37 Ce qui fait l’événement principal de ce passage tient à ceci qu’on l’a interprété pendant des siècles à partir de l’idée que Nangoku a uniquement voulu encourager Basho. Mais ce n’est pas nécessairement de cela qu’il s’agit. Celui qui évolue au plus grand niveau d’être s’est éloigné beaucoup du sentiment commun. Si l’être le plus haut ne possédait pas la loi de polir la tuile, comment pourrait-il y amener quelqu’un ? Le pouvoir d’y amener quelqu’un est l’os et la mœlle du maître. Même s’il s’agit là de quelque méthode fabriquée à dessein c’est toujours prendre en vue quelquechose qui est de la maison d’origine. S’il ne s’agissait pas de quelquechose prédisposé il ne pourrait y avoir transfert à la maison de l’éveil. Il faut donc admettre qu’il y a déjà dans la façon de diriger Basho quelque chose d’immédiat. C’est ainsi que l’on peut comprendre que l’orientation finale du maître ne s’effectue qu’en soi. Quand de polir la tuile s’effectue le miroir, Basho se fait bouddha. Quand Basho se fait bouddha, Basho devient immédiatement Basho. Quand Basho devient Basho, zazen devient immédiatement zazen. Et c’est pourquoi de polir la tuile le miroir s’effectue est l’os et la mœlle de l’ancien bouddha qui nous parvient jusqu’ici. 38 S’il en est ainsi, il faut penser que l’ancien miroir était fait de tuile et qu’avant de polir le miroir celui-ci au moment du traitement ne pouvait être dépoli. Il n’y a pas de poussière de tuile mais on traite simplement le polissage de la tuile. A cet endroit se manifeste la puissance d’effectuer le miroir, c’est-à-dire la puissance de maître & bouddha. Si polir la tuile ne faisait le miroir, il faudrait que polir le miroir ne fasse pas le miroir. Qui saurait voir si dans un tel faire il y a (ou non) le devenir bouddha ou le devenir miroir ? De plus, quand il s’agit de polir l’ancien miroir, faut-il douter que l’on soit en train de polir une tuile ? Ce qui fait la trace du moment de polir, ce n’est pas ce qu’on mesure à partir d’un autre endroit. Mais pourtant l’expression de Nangoku c’est précisément quelquechose qu’il faut saisir à la fin comme s’il fallait que le miroir se fasse à polir la tuile. 39 Les gens d’aujourd’hui aussi doivent s’exercer vivement à polir la tuile d’aujourd’hui. Cela deviendrait nécessairement miroir. Si la tuile ne devenait pas miroir, l’homme non plus ne deviendrait pas l’homme. Si l’on dégrade la tuile en boue, l’homme aussi se dégrade en boue. Si l’homme a du cœur il faut donc que la tuile soit du cœur. Qui saurait dire que c’est l’enfant-miroir de la tuile vient et la tuile apparaît ? Qui saurait dire que c’est l’enfant-miroir du miroir vient et le miroir apparaît ?