Affichage des articles dont le libellé est concrete. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est concrete. Afficher tous les articles

25 mars 2018

 

Emmanuel Bove
BÉCON-LES-BRUYÈRES

À monsieur Eugène Coulon

I

Le billet de chemin de fer que l’on prend pour aller à Bécon-
les-Bruyères est semblable à celui que l’on prend pour se
rendre dans n’importe quelle ville. Il est de ce format adopté
une fois pour toutes en France. Le retour est marqué de ce
même « R » rouge que celui de Marseille. Les mêmes recommandations
sont au verso. Il fait songer aux gouverneurs qui
ont la puissance de donner à un papier la valeur qu’ils désirent,
simplement en faisant imprimer un chiffre, et, par enchaînement,
aux formalités administratives qui ne diffèrent pas quand
il s’agit de percevoir un franc ou un million.
Il n’est que le ticket de papier ordinaire, d’un format inhabituel,
que remet le contrôleur au voyageur sans billet après l’avoir validé  d’une signature aussi inutile que celle d’un prospectus, qui paraisse assorti au voyage de Bécon-les-Bruyères.
De même qu’il n’existe plus de bons enfants rue des Bons-
Enfants, ni de lilas à la Closerie, ni de calvaire place du Calvaire, de même il ne fleurit plus de bruyères à Bécon-les-Bruyères.
Ceux qui ne sont pas morts, des personnages officiels qui, en
1891, inaugurèrent la gare et des premiers joueurs de football
dont les culottes courtes tombaient jusqu’aux genoux, se rappellent
peut-être les terrains incultes où elles poussaient, les
quelques cheminées d’usines perdues au milieu d’espaces libres,
et les baraques de planches qui n’avaient pas encore les inclinaisons découvertes pendant la guerre. En retournant aujourd’hui en ces lieux, ils chercheraient vainement les drapeaux et les lampions, ou le vestiaire et les buts de leurs souvenirs. Bien qu’ils fussent alors adultes, les rues leur sembleraient plus petites.
Bécon-les-Bruyères a grandi sans eux. La ville a eu du mal,
comme le boute-en-train assagi, à se faire prendre au sérieux.
Les témoins de son passé la gênent. Aussi les accueille-t-elle
avec froideur, dans une gare semblable aux autres gares. Au hasard
d’une promenade ils retrouveraient pourtant quelques
bruyères, désormais aussi peu nombreuses pour donner un nom
à une cité que le bouquet de lilas d’une étrangère à une closerie.
Des maisons de quatre à huit étages recouvrent les champs où
elles fleurirent. Comme construites sur des jardins, sur des emplacements historiques, sur des terrains qui, au moment où l’on
creusa les fondations, révélèrent des pièces de monnaie, des ossements et des statuettes, elles portent sur leur façade cette expression des hommes qui ont fait souffrir d’autres hommes et
dont la situation repose sur le renoncement de leurs amis. Leur
immobilité est plus grande. Les habitants aux fenêtres, la fumée
s’échappant des cheminées, les rideaux volant au-dehors ne les
animent point. Elles pèsent de tout leur poids sur les bruyères
comme les monuments funéraires sur la chair sans défense des
morts. Et si, pour une raison d’alignement, l’un de ces immeubles
était démoli et que de nouvelles bruyères poussassent à
cet endroit, il semblerait à l’étranger que ce fussent elles, et non
celles qui ne sont plus, qui incitèrent les Béconnais, au temps où
la poste et les papiers à en-tête n’existaient pas, à embellir leur
village d’un nom de fleur, cela dans le seul but de plaire puisque
l’autre Bécon de France est trop loin pour être confondu avec
celui-ci. Il semblerait aussi à cet étranger que les bruyères naissent ici comme le houblon dans le Nord ou les oliviers sur les
côtes de la Méditerranée, que c’est la densité du sol qui ait déterminé cette appellation et non, ce qui est plus aimable, le hasard d’une floraison.

*
* *

Bécon-les-Bruyères existe à peine. La gare qui porte pourtant
son nom printanier prévient le voyageur, dès le quai, qu’en
sortant à droite il se trouvera côté Asnières, à gauche côté Courbevoie.
Il est donc nécessaire, avant de parler de cette ville, de
tirer à soi tout ce qui lui appartient, ainsi que ces personnes qui
rassemblent les objets qui leur appartiennent avant de les
compter. L’enchevêtrement des communes de banlieue empêche
d’avoir cette manie. Aucun accident de terrain, aucune de
ces rivières qui suivent le bord des départements ne les sépare.
Il y a tant de maisons que l’on pense être dans un vallon alors
que l’on se trouve sur une colline. Des rues simplement plus
droites et plus larges que les autres servent de frontières. On
passe d’une commune à l’autre sans s’en rendre compte. On a
déjà atteint Suresnes alors que l’on croyait se promener dans
Bécon côté Courbevoie.
En écrivant, je ne peux m’empêcher de songer à ce village encore plus irréel que Bécon, dont le nom teinté de vulgarité est frère de celui-ci, à ce village qui a été le sujet de tant de plaisanteries si peu drôles qu’il est un peu désagréable de le citer, à
Fouilly-les-Oies. Pendant vingt ans, il n’est pas un des conscrits
des cinq plus grandes villes de France qui n’ait prononcé ce
nom. Ainsi que les mots rapportés de la guerre, il a été répété
par les femmes et les parents. Mais il n’évoque déjà plus le fouillis et les oies d’un hameau perdu. Le même oubli est tombé sur
lui, qui n’existe pas que sur Bécon. Car Bécon-les-Bruyères,
comme Montélimar et Carpentras ont failli le faire, a connu la
célébrité d’un mot d’esprit. Il fut un temps où les collégiens, les
commis voyageurs, les gendarmes, les étrangers comparaient
tous les villages incommodes et malpropres à Bécon. C’était le
temps où les grandes personnes savaient, elles aussi, combien
de millions d’habitants avaient les capitales et la Russie ; le
temps paisible où les statistiques allaient en montant, où l’on
s’intéressait à la façon dont chaque peuple exécutait ses condamnés
à mort, où la géographie avait pris une importance telle
que, dans les atlas, chaque pays avait une carte différente pour
ses villes, pour ses cours d’eau, pour ses montagnes, pour ses
produits, pour ses races, pour ses départements, où seul l’almanach
suisse Pestalozzi citait avec exactitude la progression
des exportations, le chiffre de la population de son pays fier de
l’altitude de ses montagnes et confiant à la pensée qu’elles se–
raient toujours les plus hautes d’Europe. Les enfants s’imaginaient
qu’un jour les campagnes n’existeraient plus à cause de
l’extension des villes. Le cent à l’heure, les usines modèles qui
ne cessaient pas de travailler au moment où les excursionnistes
les visitaient, les transatlantiques en miniature des agences maritimes, imités parfaitement mais dont les lits des cabines n’avaient point de draps, les premières poupées mécaniques dont
les mêmes gestes, aux devantures des pharmacies, recommençaient
si vite que l’on restait avec l’espoir d’une autre fin, les aéroplanes à élastique dont les roues ne servaient pas à l’atterrissage étaient dans les esprits. Il y avait même des comètes
dans le ciel. Les derniers perfectionnements apportés aux télescopes
étaient expliqués dans les magazines. La ligne la plus rapide
du monde était Paris-Boulogne. Des revues scientifiques
paraissaient tous les mois. Des aigles attaquaient les avions, des
requins les scaphandriers. La maquette du tunnel sous la
Manche était prête. C’était l’Angleterre qui s’opposait à la construction de celui-ci.
Bécon-les-Bruyères naquit alors. Il fallait à la possibilité
proche du tour du monde en quatre-vingts jours, aux horizons
larges, aux cités tentaculaires un contrepoids. On s’habituait à
dire : « Il a beaucoup voyagé : il vient de Bécon-les-Bruyères.
C’est un Parisien de Bécon-les-Bruyères. » Cela devenait une
rengaine semblable à : « Et ta soeur ? » mais sans ces réponses
toutes prêtes qui donnaient successivement le beau rôle à l’un et
l’autre des interlocuteurs, car c’est à prononcer la dernière réplique que tendent de nombreuses gens.

*
* *

Comme devant une personne dont on vous a dit qu’elle est
drôle, et avec laquelle on demeure subitement seul à parler sérieusement après que l’ami qui vous l’a présentée est parti, on
est saisi, en arrivant à Bécon-les-Bruyères, de ce sentiment qui
veut que, du moment que les choses existent, elles cessent d’être
amusantes.
Bécon-les-Bruyères tant de fois prononcé, tant de fois sujet
de plaisanteries apparaît tout d’un coup aussi grave que Belfort.
Les panneaux de la gare, les bandes de papier collées sur les
verres des lanternes, les enseignes des magasins, où figure le
nom de la ville, ne provoquent aucun sourire. Les cheminots, les
voyageurs et les ménagères ne les remarquent même pas. Ils ont
oublié qu’ils habitent ce Bécon-les-Bruyères qui, avec les ans, a
acquis l’état d’esprit du personnage porteur d’un nom ridicule et
qui, toute sa vie, a entendu la même plaisanterie souvent poussée
à une brutalité, au point que plusieurs fois il a songé à demander
dans quel ministère il faut se rendre pour faire supprimer
légalement une ou deux syllabes de son nom. Bécon-les-
Bruyères cesse d’appartenir à l’imagination. On n’a plus la force
d’entraîner dans le ridicule tous ces gens qui ont des soucis et
des joies, toutes ces maisons dont les portes et les fenêtres
s’ouvrent comme ailleurs, tous ces commerçants qui obéissent à
la loi de l’offre et de la demande. On se sent devenir faible et petit, comme ces groupes d’amis qui, après s’être rendus dans un
endroit pour en rire, ne risquent aucune des plaisanteries qu’ils
avaient projetées et ne retrouvent leur esprit que le lendemain
quand, de nouveau, ils se réunissent.
En s’éloignant de la gare, comme aucune enseigne, aucun
signe ne rappelle l’endroit où l’on se trouve, on marche en se répétant : « Je suis cependant à Bécon-les-Bruyères. » Tout est
normal. Alors que l’on s’attendait à quelque chose, les immeubles
ont des murs et des cheminées, les rues des trottoirs,
les gens que l’on rencontre les mêmes vêtements que ceux de la
ville que l’on quitte. Rien de différent ne retient l’attention.
Comme si l’on était arrivé par la route, il faudrait arrêter
les passants qui portent un uniforme pour leur poser des questions,
acheter des gâteaux secs pour lire sur le sac l’adresse de
l’épicier. Il faudrait entrer dans les maisons et y lire, à tous les
étages, les mêmes papiers, les mêmes factures pour se reconnaître.

II

Les moeurs de Bécon-les-Bruyères sont plus douces que
celles de Paris. Il eût été incompréhensible qu’aucun intermédiaire
n’existât entre la complaisance des campagnes et la rudesse
des villes. Ce n’est pas la politesse provinciale. Les Béconnais,
avec un sens des nuances qui paraît inexplicable, ont tous
sur les lèvres l’injure parisienne toute prête ainsi que la phrase
aimable des campagnes. Ils ne se font pas rétribuer ces petits
services qui sont si difficiles à estimer. Les fournisseurs livrent à l’heure promise. Comme les grands magasins, ils font faire à
leur voiture lourdement chargée de longs détours pour déposer
à votre porte un paquet. Quand vous demandez où se trouve
une rue, on ne vous y accompagne pas mais on vous suit des
yeux jusqu’au premier tournant ; quand vous demandez du feu,
on ne vous donne point d’allumettes, mais on ne vous quitte que
lorsque votre pipe est bien allumée.
La population de Bécon-les-Bruyères ne ressemble pas à
celle d’une ville isolée. Elle n’a ni préoccupations ni amourpropre
locaux. Elle serait indifférente à la célébrité de l’un des
siens, à moins qu’il ne fût le plus grand de tous. On a beau se
promener dans tous les sens, on ne rencontre pas une statue. Il
n’y a point de mairie, ni d’hôpital, ni de cimetière. Il semble que,
comme dans une principauté, les habitants, chacun à leur tour,
balaient les rues, assurent l’ordre et réparent les conduites
d’eau. C’est durant toute l’année comme les jours de neige à la
campagne, lorsque chacun dégage sa porte.
Pendant un mois, tous les dimanches, les boulangeries
vendirent une quantité plus grande de flan. Ce fut le dessert favori
des Béconnais jusqu’à ce que le coeur à la crème, puis les
bananes vinrent le remplacer. On retrouve ainsi, à Bécon-les-
Bruyères, avec quelques jours de retard, les manies passagères
et secrètes des arrondissements de Paris que des statistiques, si
on s’amusait à les faire, révéleraient.
Il est en effet amusant de parler aux vendeurs et d’apprendre
par exemple qu’au mois de mai ils ont vendu plus de
paires de gants qu’au mois d’octobre de l’année précédente,
d’apprendre encore que le quartier des Ternes a consommé
dans la première semaine de juillet plus de cerises que celui de
l’École militaire.

*
* *

À des époques mystérieuses qui ne semblent répondre à
aucune fête connue, quelques forains viennent s’installer devant
la gare qu’ils devinent être le centre de la ville. C’est toujours
une chose qui étonne que l’étranger sache découvrir le centre
d’une ville. On dirait d’une réussite trop rapide et insolente. Les
loteries, en dressant du premier coup leur baraque à l’endroit le
plus animé, cela sans avoir marqué le pas sur une place déserte
ni s’être fourvoyées dans quelque faubourg, défient le petit
commerçant et font naître, dans la brume de son esprit, cette
constatation qu’il fait souvent que l’honnêteté ne sert de rien. Ce
n’est que le provisoire de leur stationnement, apparaissant à
l’inobservation de cette loi du commerce qui exige que deux
boutiques semblables ne voisinent point, qui le réconforte.
À peine arrivés, les forains se ravitaillent dans les plus
grands magasins, parlent, comme le voyageur, à la personne détestée
de la ville, demandent si l’eau est potable et passent indifféremment dans tous les camps.
Les loteries sont côte à côte, entourées d’Arabes qui veulent
gagner un kilo de sucre. On pense, en regardant les balançoires,
à ce qui arriverait si l’une d’elles se décrochait. Devant la gare,
deux manèges minuscules (poussés par leurs propriétaires, qui
marchent sur le sol même de la place, à des endroits qui n’ont
pas été faits à cette fin, une barre de cuivre par exemple, le flanc
d’un cheval qu’aucun enfant n’a enfourché) exécutent à chaque
voyage le même nombre de tours, si exactement que le cheval
jaune s’arrête toujours en face de la rue Nationale, et cela au son
d’un piano mécanique à musique perforée.
La T.C.R.P., à ces moments de l’année, est obligée de déplacer
le terminus de cette ligne d’autobus Place Contrescarpe-
Gare de Bécon dont l’établissement a été si long à cause des
heures d’affluence difficiles à situer, ce qui se fait sans peine
puisqu’il n’y a, à ce terminus, ni guérite ni employés, et qu’il suffit d’accrocher à un autre bec de gaz une petite enseigne en celluloïd.
Mais quand il arrive que les foires de Bécon-les-Bruyères
coïncident avec celles du Trône ou de Neuilly, les mêmes baraques
pourtant viennent s’installer sur la place de la Gare. Séparées
de leurs soeurs des grandes fêtes, elles ont cet air des
compétitions de second plan et des employés nommés directeurs
pour les vacances. On devine que ce serait manquer de délicatesse
que de parler des foires concurrentes à ces forains qui,
avant de s’approcher de vous, disparaissent derrière la toile de
fond de leur baraque. Ils ont des raisons si profondes de faire
bande à part que l’on n’oserait pas plus leur poser de questions
qu’à l’inconnu qui se promènerait deux heures dans la même
rue. Ce sont peut-être les esprits indépendants qui n’aiment
point la foule, ou bien les ambitieux qui préfèrent jouer un rôle
ici que de passer inaperçus là.

*
* *

Souvent des musiciens ambulants viennent de Paris. Ce ne
sont pas toujours les mêmes. Pourtant, comme si dans un journal
corporatif tel endroit était désigné comme favorable aux
concerts en plein air, ils s’installent toujours sur la gauche de la
place. Celui qui n’arrive qu’avec sa voix est joyeux. Porteurs de
mandolines et d’accordéons, les autres, qui ne peuvent, au cas
où des agents interviendraient, se mêler à la foule, parlent peu.
À l’arrivée de chaque train ils recommencent le même refrain,
cependant que les Béconnais, qui ont mille excuses pour arriver
en retard, le reprennent en sourdine.
De nombreuses corporations venues de Paris visitent ainsi
la banlieue. On s’imaginerait que ce dût être le contraire, à
cause des souvenirs de vacances où les paysans portaient au
bourg le beurre et les oeufs. Les petites voitures de mercerie ou
d’articles de Paris, les placiers, les garçons de café envahissent
chaque matin ce Bécon-les-Bruyères qui, comme les villes sur
les lignes maritimes, se plaint que le poisson mette si longtemps
à lui parvenir.
Parfois, un taxi le traverse. Il fait songer à ceux que l’on a
vus dans des cités plus lointaines et qui vous ont paru suspects.
Comme ces derniers il transporte un voyageur étrange, assis sur
le bord de la banquette, qui guette par les portières. Un parent
mort ; un rendez-vous d’affaires ; cinq minutes de retard faisant
manquer un héritage ; un attentat projeté ; une fuite après un
vol. On ne sait. Le chauffeur est excusé de ne pas connaître le
chemin le plus court. Sans provisions, sans couvertures supplémentaires, pactisant avec son client qui l’invite à boire à tous les carrefours, il parcourt des rues inconnues, se dirige vers une autre ville, en n’osant se retourner trop souvent pour regarder
son client.

III

Il est des gens qui travaillent à Bécon-les-Bruyères et déjeunent
à Paris. Tous ceux qui font le contraire songent à ces
fameuses mutations de la guerre, à cet espoir irréalisable de
changer sa situation avec celle d’un autre à qui elle conviendrait
mieux, à la personne charitable qui vous sauverait si elle vous
connaissait mais qui cesse d’exister dès qu’on lui parle, à tout ce
qu’il y aurait de bonheur sans l’impossibilité de joindre ce qui
devrait être joint. Ils songent aussi à la jeune femme qui aimerait
un vieux monsieur, au vieux monsieur qui ne peut la rencontrer,
aux entreprises où il manque justement un directeur,
aux parties de cartes où il manque un joueur, aux villages qui
leur plairaient, à l’homme qui serait leur ami.
La gare Saint-Lazare, que les Béconnais voient à un bout de
la ligne, est trop lourde pour Bécon-les-Bruyères qu’ils placent à
l’autre extrémité et paraît, à cause de cela, tirer cette localité à
soi, si bien que d’aller à Paris semble toujours plus court que
d’aller à Bécon.
Les voyageurs de banlieue connaissent la gare Saint-Lazare
dans tous ses recoins. Ils connaissent le bureau des réclamations,
celui où l’on délivre les cartes d’abonnement, les unes
avec photo, les autres plus communes, avec de simples coupons.
Les premières donnent droit à autant de voyages que l’on désire
dans le trimestre, ce qui a fait naître chez leur propriétaire le
goût des cartes. Une carte qui ouvre devant soi toutes les portes,
c’est une joie de la posséder. On finit même par ne plus la montrer,
par s’exercer à passer avec hauteur devant les employés,
certain que l’on est d’avoir le dernier mot, par s’imaginer que
l’on n’a pas de carte, que ce n’est que son attitude qui intimide
les contrôleurs, par en désirer d’autres, une pour les théâtres ou,
ce qui est plus facile, pour tous les cinémas d’un même consor–
tium, une pour les autobus et, si c’était possible, pour les taxis,
les bureaux de tabac, les restaurants.
En descendant du train électrique, sous le hall de la gare
Saint-Lazare, les Béconnais se sentent encore chez eux. Les
kiosques où l’on vend des jouets, des cigarettes, des articles de
Paris, des oranges, des cerceaux qui prennent peu de place
parce qu’on les accroche au-dehors, les fleuristes qui vendent
leurs bouquets surtout à midi moins le quart, avant que les invités
à déjeuner prennent leur train, le buffet à deux issues, à la
porte duquel la direction de la compagnie de l’Ouest-État n’a
mis aucun employé, non par oubli, mais parce qu’elle aime à
fermer les yeux, le repasseur à la minute dont les machines,
comme celles des inventions nouvelles, sont visibles à travers
des glaces, les portefaix dont quelques-uns sont fragiles, l’hôtel
Terminus qui tourne le dos à la gare leur sont familiers. De retour
chez eux, ils gardent de tout cela un certain goût. Une gare
est plus proche du progrès que tout autre endroit. D’avoir assisté
plusieurs fois aux embouteillages causés, place du Havre, par
les manifestations communistes, d’être passé, les jours de grève,
aux carrefours où se massaient les gardes républicains, d’avoir
entendu crier le départ des trains par un haut-parleur, de vivre
des journées dont les heures sont toutes de la même longueur
fait naître, dans l’esprit des Béconnais, des ambitions. Ils ne
veulent point de l’intimité de leur cité. Alors que les habitants
de Commercy mangent tous des madeleines, ceux de Chamonix
du miel, que les jeunes filles de Valenciennes sont vêtues de
dentelles, que les Bordelais ne boivent que du vin de Bordeaux,
les Béconnais, eux, ne se servent point du savon Y… fabriqué
dans leur ville. Seuls quelques vieillards, qui, lorsqu’ils vont à
Paris, ne prennent que les trains vides de dix heures du matin,
entretiennent des relations de petite ville. Le soir, ils jouent à la manille dans la brasserie de la rue Nationale sans se soucier des
jeunes mariés qui, pour ne pas faire le café, sont descendus le
boire après le dîner. Ils possèdent, sur les terrains qu’ils se refusent à vendre, de petites bicoques où ils rangent des outils et réparent leur mobilier. Ils sont à la fois retraités, ouvriers et paysans. Selon que les fleurs ou l’arbre fruitier de leur jardin poussent bien ou mal, ils savent si les récoltes de la France sont
bonnes ou mauvaises.

*
* *

Les horaires, avec leurs côtés Bécon-Saint-Lazare et Saint-
Lazare-Bécon, sont collés sur les glaces de tous les magasins ou
distribués comme prime, ainsi que des sachets parfumés. Dans
la hâte de trouver son train, on ne sait jamais, avant quelques
secondes de réflexion, s’il faut les lire au recto ou au verso. Ils
sont si pleins d’heures qu’ils semblent inexacts comme si, vers
la fin de la journée, les trains ne marcheraient plus que mêlés
les uns aux autres ainsi que les tramways après un encombrement.
Ils rappellent pourtant, aux instants de bonne humeur, d’autres horaires semblables, ceux des funiculaires, ceux des bateaux
sur les lacs, ceux de la même excursion qui a lieu plusieurs
fois par jour.
Chaque Béconnais possède un de ces horaires peu digne
d’être mêlé aux papiers d’identité, dont il connaît par coeur le
premier et le dernier train. Celui-ci part de Saint-Lazare à minuit
quarante pour permettre aux voyageurs qui aiment à
s’attarder ou à se restaurer après le théâtre de rentrer chez eux,
cela à cause d’une sollicitude officielle de quelque directeur marié
que l’on imagine habitant la banlieue, rentrant tard lui aussi,
et donnant l’ordre de reculer l’heure du dernier train.
Ce genre de sollicitude amène à parler de toutes ces décisions
prises en vue d’améliorer le sort du public et fait songer à
ces chefs de service, à ces conseillers municipaux, à ces préfets
qui, par des mesures heureuses, ne perfectionnent qu’un point
de la vie quotidienne. On sent alors le contraste qui existe entre
les petites améliorations et tout ce qu’il a fallu de démarches, de
patience, de formalités pour les faire accepter. On sent que dans
le public il se trouve justement des gens qui sont cause de ces
retards. Serré dans le train électrique, on les cherche des yeux.
Et parfois l’on devine, à un regard posé sur soi, que l’on est
soupçonné d’être un de ceux-là. Qu’il faille ainsi surmonter tant
de difficultés pour modifier un détail quelconque contribue à
donner aux Béconnais une idée de la grandeur du monde qui les
poursuit jusque dans leur demeure, les hante parfois la nuit et
laisse sur leur visage une expression plus rêveuse que celle d’un
Parisien.
Ils ont, comme les soldats, conscience du nombre. Ils sentent
que c’est parce qu’il y a trop d’hommes sur la terre que tout
est difficile à arranger. De côtoyer journellement plusieurs milliers de personnes leur donne une connaissance telle des difficultés que surmontent les pouvoirs publics pour organiser les
choses les plus simples qu’ils leur sont plus indulgents. Ils comprennent, mieux que l’habitant des villes ou des campagnes, la
tâche de ceux qui ne doivent adopter que des mesures qui plaisent
à tous. Celles-ci sont multiples. Parfois les Béconnais, lorsqu’ils
ont le temps, s’amusent à les énumérer. Les guichets des
lignes de banlieue ne ferment jamais, même aux heures creuses.
Les trains sont affichés électriquement depuis un mois. Le signal
de départ n’est donné que lorsque la grille d’accès au quai
est tirée. Des cabines téléphoniques ont été aménagées à cinquante
mètres les unes des autres. Des flèches indiquent les sorties,
les entrées, les consignes, les salles d’attente. L’intérêt du
public domine tout. C’est dans les gares que les journaux du soir
arrivent d’abord. Les lignes d’autobus et de métro convergent
vers elles. Une sorte de lien, aussi ténu que celui qui attache
tous les possesseurs d’un billet d’une même tombola, unit les
Béconnais lorsque, le soir, mêlés aux Versaillais et aux Courbevoisiens, ils attendent ensemble leur train à la gare Saint-
Lazare. Du ciel, semble-t-il, les lampes à arc éclairent les voies.
Malgré la fumée, les sifflements, le vacarme, une buée légère
semblable à celle qui flotte en été, sur les fleuves, vole au fond
de la gare. Avant que le train s’immobilise complètement, les
voyageurs cherchent à deviner où s’arrêteront les portes. Ils
sont seuls avec eux-mêmes, sauf ces quelques-uns qui prennent
tout ce qui les entoure au sérieux et que la moindre anicroche
trouble. Car il en est qui, de faire partie de cette foule pour laquelle tant de bienveillantes mesures sont prises, se sentent
personnellement honorés, ainsi que ces soldats de la visite d’un
général faite à leur régiment. Ils ont conscience que, de toutes
parts, on s’efforce de leur faciliter la vie. Et quand ils quittent le secteur des protections officielles pour rentrer chez eux, seuls
en face du peu qu’ils possèdent, ou pour se perdre dans les rues,
ils se sentent un instant, au moment de la transition, désemparés.

IV

Le Béconnais aime discrètement sa ville. Il en parle peu,
ainsi que d’un fils bouffon un père sérieux. La tendresse qu’il
porte à son pays, il la dissimule. La poésie que prête le temps
aux choses près desquelles on a vécu et dont on ne saurait se libérer même si l’objet, des années plus tard, apparaît peu digne
de soi, les souvenirs, de savoir comment était le terrain sur lequel
une grande maison est bâtie, quel magasin précédait tel
autre, ont fait naître dans le coeur des vieux Béconnais un
amour qu’ils n’avouent pas, dont ils se défendent, mais qui
perce aux jours des innovations et des décisions heureuses de la
municipalité de Courbevoie.
La pluie qui tombe dans les rues grises, le bruit des trains
et leur fumée (car il est encore des trains à vapeur, leur suppression n’étant envisagée que pour 1931, ce qui fait songer à toutes ces améliorations à venir que l’on attend sans y penser pour
qu’elles arrivent plus vite), la boue légère qui recouvre les trottoirs, les rues désertes n’altèrent en rien leur amour.
Il est dans chaque ville un endroit qui, pour des raisons
mystérieuses (ces mêmes raisons que le passant découvre lorsqu’il
remarque, de temps en temps, qu’un café est désert alors
que celui qui se trouve en face est plein, et auxquelles il pense
parfois avec une telle intensité qu’il arrive plus vite chez lui),
devient une sorte de promenade, le lieu de rendez-vous, cela
simplement à cause de sa disposition au midi, de quelques terrasses
de café, d’une maison dépassant l’alignement.
À Bécon-les-Bruyères, cet endroit, qui s’appelle le passage
des Lions à Genève, le port à Marseille ou les quinze mètres du
cours Saint-Louis, la place du Marché à Troyes, n’existe pas. Le
voyageur habitué à le découvrir le jour même en toute ville, qui
ne peut se plaire avant, qui habite justement l’hôtel le plus
proche de lui, pourrait en désespoir de cause se rabattre sur le
commencement de l’avenue Gallieni qui, donnant sur la place
de la Gare égayée par deux cafés, est la voie la plus passante de
la ville. Mais en quelque autre lieu que l’on se trouve, on est
comme dans l’une de ces rues perdues où l’on cherche une
adresse. Le jeune homme taciturne qui a rêvé d’une route abritée
pour se rendre à l’auberge ensoleillée d’un village ne trouverait
à Bécon que poussière et boue. Les terrasses sont trop
étroites pour que l’on s’y sente à l’abri. Les rues trop longues et
désertes mènent vers d’autres rues aussi longues et aussi désertes,
bordées de pavillons, de maisons en construction, de terrains
à vendre. Quand une place enfin vous délivre de ces voies
interminables et vous fait espérer un centre proche, elle est clôturée de murs et de palissades de chantiers. Aucune statue ne se
dresse au milieu. Elle n’existe que parce qu’il faut ménager des
espaces libres au cas où cette banlieue deviendrait aussi peuplée
que Paris.
Puisqu’il faut des années pour s’habituer à des noms
propres qui ne sont pas en même temps des noms familiers, il
semble que ce soit dans une ville de rêve que l’on s’avance
quand, pas consacrées par une longue présence dans les annuaires
et les calepins, les rues s’appellent Madiraa, Ozin ou
Dobelé. Pourtant il en est qui s’appellent Gallieni, Tintoret, de la
Sablière, Édith Cavell. Celles-ci ont l’air d’appartenir à de
grandes villes et l’on s’y sent moins perdu. Le règlement de la
préfecture qui veut que les rues soient numérotées dans le sens
du cours du fleuve est observé. Mais comme on ne sait dans
quel sens coule la Seine, c’est tout à coup au numéro 200 d’une
avenue que l’on se trouve, alors qu’on pensait être à sa naissance.
 
*
* *

La gare, au bout de laquelle il reste du terrain pour les
agrandissements futurs ainsi que de l’étoffe ourlée au bas des
robes des fillettes, est le centre de Bécon-les-Bruyères. Elle
donne accès, par ses côtés Asnières et Courbevoie, à deux places
désolées où voisinent toutes les boutiques de la ville et où, à six
heures du soir, s’attendent les Béconnais venus par des trains
différents.
Il est dans chaque ville une rue qui, bien qu’elle ne soit pas
la plus importante et qu’elle ne mène nulle part, revient plus
souvent sur toutes les lèvres. Elle s’appelle à Bécon : rue du Tintoret, sans que l’on puisse savoir pourquoi. Elle part justement
de l’une de ces places, entre deux cafés semblables dont l’un est
naturellement moins fréquenté que l’autre, et qui, les jours de
fête nationale, sont réunis par-dessus la chaussée à l’aide de
banderoles tricolores et de ces mêmes réclames pour apéritifs
interdites à Paris. Elle meurt cent mètres plus loin dans un dédale
misérable et aéré. L’air est le seul luxe de cette banlieue. À
mesure que l’on s’éloigne, les chambres meublées affichées dans
les boulangeries demeurent toujours à trois minutes de la gare.
Le jeune sportif qui veut avoir la distance dans le regard contemple
chaque matin cette rue du Tintoret. Un garage y est installé,
sans verrières parce qu’il occupe le rez-de-chaussée d’un
immeuble. En face se trouve une agence de location en appartement,
signalée par des pancartes mieux écrites que celles des
boulangeries et par des photographies de villas, exposées dans
une fenêtre ordinaire transformée en devanture.
Car il est des Parisiens qui viennent à Bécon-les-Bruyères
avec l’espoir de trouver un appartement et qui, sans prendre
garde aux papillons qui recouvrent les murs, parfois même les
endroits où il est défendu d’afficher, se dirigent tout droit vers
elle, prévenus par un panneau de publicité qu’ils ont aperçu du
train s’ils étaient assis à la gauche de leur compartiment. Tous
les inconvénients de la banlieue, ils les ont éliminés par des raisonnements.
La brièveté du trajet les a mis de bonne humeur.
« C’est une légende, les ennuis de la banlieue. Après tout, l’air
est meilleur ici qu’à Paris. Bécon est sur un plateau. On n’a mis
que neuf minutes pour venir. » Ils entrent dans l’agence. On les
prie de s’asseoir à côté du plan de Bécon-les-Bruyères qui
n’existe pas imprimé et qu’un commis-architecte a tracé et
peint, à côté d’une pile de cartes de visite commerciales qui
n’ont jamais été séparées les unes des autres.
Quand on s’est entendus pour visiter un appartement, le
propriétaire de l’agence remet sa clef à un commerçant voisin
afin qu’il la donne à sa femme quand elle rentrera et conduit ses
clients : « Bientôt, il ne passera plus de trains à vapeur, dit-il. La voie sera électrifiée. Nous sommes à neuf minutes de Saint-
Lazare. C’est aussi pratique pour ceux qui travaillent dans le
centre que les quartiers sud de Paris. On a tort de s’imaginer
que la banlieue est mal desservie. Vous avez des trains toutes les
trois minutes aux heures d’affluence. D’ailleurs Paris se déplace
vers l’ouest. »
Il est à Bécon-les-Bruyères des terrains à vendre depuis
sept francs le mètre. Sur certains d’entre eux, des maisons
s’élèvent lentement. Quand elles sont terminées, des Béconnais
mal logés regrettent de n’avoir pas retenu un appartement alors
qu’il était encore temps. Ils s’accusent d’imprévoyance. Ils en
viennent à penser qu’il en sera toujours ainsi dans leur vie,
qu’ils ne sauront jamais être heureux.

V

Tous les trains de Versailles et des Vallées ne s’arrêtent pas
à Bécon-les-Bruyères. Les voyageurs qu’ils transportent ont
l’impression que les Béconnais arrivent en retard en les voyant
sur les quais en train de lire leur journal. Ils éprouvent, à cette
supposition, un sentiment de contentement. Ils sont si nombreux
à le ressentir qu’il semble, une seconde, que c’est ce sentiment
lui-même qui passe sur la voie.
Les Béconnais redoutent chaque jour la panne d’électricité.
Elle joue un rôle important dans leur vie. Elle est continuellement
suspendue au-dessus de leur tête. Fort heureusement, elle
est aussi rare que la mort d’un camarade, mais aussi tragique.
C’est une supposition que font quotidiennement les habitants
de Bécon, que celle d’une mort retardant le trafic. Ils se
demandent chaque fois si, en ce cas, le service serait interrompu
et combien de temps il faudrait pour qu’il reprît normalement.
Comme le spectateur qui croit n’avoir point de chance dans la
vie et qui pense que, justement parce qu’il se rend au théâtre, la
vedette sera malade, il est des Béconnais qui supposent que, du
seul fait qu’ils prennent le train, il arrivera quelque chose.
La panne est leur épouvantail. Car ils vont tous au théâtre.
Les préparatifs, les calculs, les repas pris avant la tombée de la
nuit, tout cela fait surgir devant eux cette panne qui s’opposerait
à leur plaisir avec la violence d’une catastrophe ou d’un deuil
appris au moment de partir.

*
* *

La gare de Bécon-les-Bruyères sans chef de gare, sans gare
de marchandises, et les huit voies qui vont jusqu’à Paris séparent
Asnières et Courbevoie comme un fleuve. Un tunnel fétide,
au lieu de la passerelle désirée par tous les habitants, relie les
deux communes. Il fait songer aux petites villes où il n’y a qu’un
pont et où, pour approcher la jeune fille aperçue sur l’autre
berge, il faut crier si votre voix est belle, lui faire signe de marcher comme vous dans la même direction jusqu’au moment où,
à cause d’une maison trempant dans le fleuve ou d’un bateau
amarré qui dépasse trop le niveau de l’eau, on la perd de vue.
On ralentit alors pour ne pas arriver le premier à l’espace libre,
de peur que dans l’absence on ne pense qu’elle ait disparu. On
se retrouve pourtant avec quelques mètres d’écart comme
quand, avec un ami, on a parié qu’un chemin est plus court
qu’un autre.
Bécon-les-Bruyères est donc partagé en deux, ainsi que ces
coupes d’hommes sans organes mâles sur les planches d’anatomie
et ces oeufs de carton qu’il faut ouvrir pour savoir laquelle
des deux moitiés est le couvercle. Cette séparation faite, il ne
reste plus que d’un côté Asnières, de l’autre Courbevoie, si bien
que les lettres adressées simplement à Bécon-les-Bruyères arrivent
au hasard dans l’une des deux postes.
Comme quand on débouche sur une vaste place, on aperçoit
en sortant de la gare de Bécon, par une porte qui, pour tant
de voyageurs, s’ouvre et se ferme ainsi que celle d’un magasin,
un ciel plus large où les avions et les oiseaux demeurent presque
aussi longtemps qu’à la campagne et où ils deviennent si petits
que l’on s’arrête pour ne pas les perdre de vue. Semblable au
dôme d’une coupole, lorsqu’on a monté l’escalier, ce ciel penche.
Il penche vers Paris que l’on sent plus bas.
Il est des endroits autour des grandes villes où, lorsque l’on
s’y promène, on ne peut s’empêcher de penser que si la révolution
éclatait ils resteraient aussi paisibles. Ils sont si déserts et si
lointains qu’une insurrection perdrait presque tous ses mem–
bres avant d’y arriver, à moins que le chef ne donnât des ordres
précis et ne fixât, par exemple, le rassemblement de ses troupes
en l’un de ces endroits. Et le Béconnais se rassure en pensant à
tous les quartiers, à toutes les villes de banlieue qui existent, et
finit par se convaincre que la probabilité d’une marche sur Bécon-
les-Bruyères est plus petite que un dix millième. Il faudrait
vraiment une grande malchance pour que justement l’émeute se
dirigeât sur sa cité. C’est presque impossible. On le devine
d’ailleurs aux rideaux légers des villas, aux étalages des magasins,
à la grille fragile de la succursale du Crédit lyonnais, au visage
serein de ces bijoutiers, les mêmes qui, dans les rues désertes,
font que l’on se demande comment ils vivent.
Mais en supposant que la révolution éclatât dans le reste de
la France et que Bécon-les-Bruyères fût isolé, il apparaît tout de
suite qu’une grande fraternité unirait tous les habitants, qu’ils
formeraient aussitôt des ligues, des groupements de défense,
qu’ils mettraient, jusqu’au retour des temps meilleurs, leurs
biens en commun.

VI 

Bécon-les-Bruyères n’a point d’environs. À l’endroit où ils
devraient commencer, on se trouve dans une autre commune
semblable à celle que l’on quitte et dont la rue principale,
qu’empruntent ces tramways trop vieux pour Paris, conduit sur
la place centrale d’une autre ville et s’arrête, faute de rails, devant une mairie que seuls un drapeau et des tableaux grillagés
signalent à l’attention. C’est chaque fois un sujet d’étonnement
que les édifices publics soient plus modestes que les maisons
privées. Instinctivement, on désirerait que ce fût le contraire,
que le plus beau château fût l’hôtel de ville.
Ces artères principales de banlieue, jalonnées de poteaux
télégraphiques sur lesquels des afficheurs amateurs collent des
annonces avec un timbre pour leur propre compte, des afficheurs
professionnels des réclames jaunes pour achats de bijoux,
semblent interminables quand on les suit à pied. Les maisons
basses dont les habitants ont l’air de s’y être installés parce
qu’elles étaient abandonnées, les jardins dont les feuillages
prennent la poussière comme des visières, les usines de deux
cents ouvriers se succèdent sans égayer la route. Tout est clôturé,
même les terrains les plus vagues. Comme dans les rues de
Paris, aucune borne kilométrique ne permet de s’amuser à
compter ses pas. De distance en distance, un réverbère dont le
pied sert d’armoire aux cantonniers fait songer à l’allumeur qui
ne peut en allumer qu’une douzaine, une boîte aux lettres à
celles qui n’inspirent pas confiance et où l’on craint que les
lettres ne demeurent une semaine avant de partir. Soudain,
alors que l’on vient de parcourir deux ou trois kilomètres entre
des murs couverts de tessons, pris dans le ciment comme des
pierres dans la glace, entre des grilles au travers desquelles jamais personne n’a caressé une bête, apparaît une guérite toute
neuve destinée à abriter les gens qui attendent un tramway. Un
plan sous verre de la banlieue y est fixé à l’intérieur. Aucune
arabesque modern style ne l’alourdit. Elle est droite, propre,
pratique. Puis une ville inconnue surgit. Elle possède sa gare
que les trains de Bécon-les-Bruyères ne traversent pas. Elle a
d’autres magasins, un oculiste, un rétameur, une triperie. On
devine brusquement qu’elle est mieux ravitaillée en fruits, mais
moins bien en légumes. Comme ces vendeurs qui sur les marchés
tentent d’écouler un arrivage d’oranges ou de fleurs, les
commerçants de ces villes de banlieue, qui, à cause du transport,
se sont trop approvisionnés d’une denrée, la recommandent
durant des jours.

*
* *

La Seine est à six minutes de la gare de Bécon-les-Bruyères.
Ses berges ont vieilli. Elles ont cinquante ans, elles qui n’eussent
pas dû avoir plus d’âge que les campagnes. Elles sont du temps
des guinguettes, des parties de canot et des fritures. Les chalets
des sociétés d’aviron de la Basse-Seine ou d’Enghien bordent le
fleuve à un endroit qui fut champêtre. Un pont métallique sur
lequel passent tous les trains les couvre maintenant de son
ombre froide. Leurs murs, faits d’un ciment dont la teinte imite
celle des rochers et de troncs d’arbres qui ont encore leur
écorce, gardent pourtant un air rustique. Le dimanche, quand
les portes à deux battants sont ouvertes, on s’aperçoit que les
fenêtres de ces chalets sont fausses, que le rez-de-chaussée n’est
qu’une vaste remise où sont suspendus par ordre de grandeur,
les uns au-dessus des autres, les canots des adhérents. Puis ce
sont plus loin des maisonnettes entourées de jardinets, à la
grille desquelles le système de sonnette est si rudimentaire qu’il
semble avoir été posé par des enfants. Des chambres meublées,
avec facilité de faire la cuisine, sont à louer. C’est cette fois à
quatre ou six minutes de la gare qu’elles se trouvent, mais cela à
la condition de connaître ces chemins de traverse qui disparaissent
un à un à chaque nouvelle construction, sans que les propriétaires
doublent les horaires indiqués.
En longeant les bords de la Seine, l’attention se porte sur
tout ce qu’elle charrie. À voir les corps des bêtes mortes
échouées sur les berges rocailleuses, à côté de ces sacs mystérieux,
soigneusement fermés, qui n’ont plus de teinte, qui contiennent
on ne sait quoi, que personne n’ose ouvrir, même les
agents cyclistes, une sorte de lumière éclaire la politique du
chien crevé. Ce qui jusqu’alors n’avait semblé qu’une image
prend tout à coup une signification profonde. Les chiens morts
qui suivent le fil de l’eau existent vraiment, mais d’une autre
manière que la foudre qui tombe sur un arbre.
À cause de la force d’attraction, des morceaux de bois, de
l’écume, des parties d’objets que l’on ne reconstitue point, des
boîtes de fer-blanc, au fond desquelles est resté un peu d’air,
flottent autour des péniches amarrées. Sur l’autre rive, l’usine
Hotchkiss éveille des souvenirs de mitrailleuses, et de cet après-guerre où les industriels, afin d’utiliser leur matériel, modifiaient si peu de chose à leurs fraiseuses et à leurs tours pour
qu’ils fissent, au lieu d’obus et de canons, des automobiles et des
machines agricoles. Plus loin, devant l’usine à gaz si haute
qu’elle dissimule les gazomètres, qui mieux que les cheminées
satisferaient le désir de connaître ce qui se fabrique là, des chalands sont immobiles au pied de sortes de toboggans d’où glisse
ce même mâchefer que les soldats en occupation allaient chercher
dans la banlieue de Mayence, pour faire une piste cendrée
destinée aux championnats de corps d’armée. Plus loin encore,
d’autres chalands chargés de ferraille attendent qu’on les décharge.
Cela semble aussi incompréhensible qu’ils soient utilisés
au transport de vieilles poutrelles, d’escaliers de fer tordu, de
tôle ondulée, de chaudières rongées par la rouille que ces trains
qui barrent parfois durant une heure les passages à niveau à celui
du sable ou des pierres. Dans l’enchevêtrement de cette ferraille,
on reconnaît des wagons que l’on n’imaginait pas devoir
être transportables, des châssis dont les trous réservés aux boulons
sont vides, des signaux, des carcasses de baraque, des chevaux
de frise, des fils télégraphiques liant tout cela, des machines
agricoles qui furent neuves, huilées, livrées avec soin,
dont les poignées furent enveloppées de papier, qui eurent une
valeur sur les catalogues. Les formes multiples et compliquées
de cette ferraille, le cercle des roues, les pas de vis, la ligne
droite d’un levier n’ont pas plus de valeur que celle du minerai
sortant de la terre. Toutes ces machines emmêlées les unes aux
autres ne sont plus que du fer brut que l’on vend au kilo. Les
gens qui en connaissent le prix doivent être étranges. Alors
qu’aux jours de repos peu de chose rappelle aux fonctionnaires
leur profession, eux ne peuvent sans doute pas se promener
sans estimer les balustrades, les réverbères et les ponts de fer.
Quand une statue de bronze ou le triton d’un bassin disparaît,
c’est dans leur corporation que la police cherche le voleur. On se
demande, devant ces tonnes de ferraille, comme devant la hotte
d’un chiffonnier, ce que cela peut bien valoir. On passe par tous
les prix ; on les compare à ceux des objets de première nécessité
; on s’interroge pour savoir si cinq kilos de plomb valent une
cravate. Il vous apparaît que c’est un monde mystérieux que celui
où tombent toutes ces choses qui furent neuves, que l’on eût
pu transporter dans son jardin, avec lesquelles votre maison eût
pu être consolidée. Devant une de ces machines, comme devant
la plus vieille automobile, on se demande maintenant si on
l’achèterait pour deux francs. Et ceux qui ont songé parfois à la
vente au kilo des métaux, de voir soudain tant de tonnes en face
d’eux, sont pris d’un doute et se demandent si elles sont vendues
ou bien si, au contraire, on a payé pour s’en débarrasser.
Dans une île, en face de l’usine à gaz, se trouve le cimetière
aux chiens qui, avec la traversée de Paris à la nage et l’affluence
des gares, sert à alimenter les journaux en été. La statue du
saint-bernard qui sauva quarante et une personnes et fut tué
par la quarante-deuxième se dresse à l’entrée. Elle contribue
tout de suite à imprégner l’air de toutes les formes de la gratitude.
Le sentiment qui fait répugner l’homme à de petits cer–
cueils ne s’éveille pas ici. Les tombes sont petites, plus petites
que celles des enfants que l’on met dans des cercueils trop
grands pour eux. Il semble que ce soit dans un cimetière d’amants
que l’on s’avance. Les monuments, qu’ils soient fastueux
ou modestes, et sur lesquels sont gravés des prénoms seulement,
recouvrent tous des corps qui furent aimés. En lisant ces
prénoms, on sent que l’on pénètre dans mille intimités. Les photographies émaillées, jaunies par les ans, accrochées aux stèles,
car on peut planter des clous dans la pierre, représentent des
chiens fidèles et font imaginer, par-delà le photographe, une
jeune femme qui les menace du doigt pour qu’ils restent immobiles.
Boby, Daisy, vous dormez ici depuis 1905. Mais qu’est devenue
votre maîtresse, et cette peau d’ours blanc, et cette table
légère sur lesquelles on vous a photographiés ?
À la pointe du cimetière se trouve une plate-forme de ciment
armé où fut installée, pendant la guerre, une batterie
contre les avions. Le ciment s’est cassé. Les tringles de fer ont
été tordues pour dégager un sentier qui conduit au sommet d’un
talus. À la fin de l’après-midi, on aperçoit de là, comme d’une
colline, le soleil au bas du ciel, un peu au-dessus de la Seine.
Sans le dernier pont, si petit qu’il n’a point d’arche, c’est dans
l’eau même du fleuve qu’il se coucherait. Mais on est trop près
de Paris. C’est tout de même encore derrière des pierres que le
soleil disparaît.

VII

Bécon-les-Bruyères a ses distractions. Cette jeune fille qui,
en juillet, vêtue comme à la mer d’un sweater et d’une jupe de
flanelle blanche, porteuse d’un filet de balles de tennis, longe la
voie de chemin de fer à l’endroit où, durant vingt mètres, les villas et les arbres font qu’il semble que l’on se trouve dans une
ville d’eaux, est heureuse. Elle se rend aux tennis de Bécon. Une
palissade surmontée d’un grillage que les balles font trembler,
dont les planches, emboîtées comme les lames d’un parquet,
formèrent avant le toit d’une baraque (puisqu’elles conservent
encore les ouvertures par où passèrent les tuyaux des poêles),
les dissimule.
Les habitants de Bécon-les-Bruyères aiment à se rendre le
samedi ou le dimanche soir au cinéma. Le « Casino de Bécon »,
semblable à quelque garage de plâtre, est surmonté d’un fronton
décoré de guirlandes au milieu desquelles l’année de la construction, 1913, est inscrite, comme si la direction, qui n’est
d’ailleurs plus la même, tenait encore à rappeler l’année de sa
première représentation. Elle a pris une importance subite pour
le propriétaire. Car les cinémas, comme les bohèmes qui en
vieillissant s’attachent aux signes extérieurs d’une situation,
veulent aujourd’hui faire aussi sérieux que les maisons de commerce.
Dans chaque ville il existe des gens étranges qui ne semblent
habiter un lieu que provisoirement, qui viennent de pays
inconnus, qui ont eu des aventures. Mais aucun d’entre eux ne
réside à Bécon. L’homme mécontent d’y vivre, l’homme sur dix
mille qui dans les villes est fou, qui prétend qu’un rayon de soleil, en traversant le méconium, se transformera en or, qui a un
brevet pour quelque invention, qui est recherché par la police,
qui sera riche du jour au lendemain, ne se rencontre pas. Il n’est
point d’habitants mystérieux. Personne ne souffre. Il n’est point
de jeunes femmes qui, abandonnées par un homme, sont sur le
point de se lier avec un autre, ni d’adolescents amoureux d’une
amie de leur mère, ni de directeurs ruinés par une passion, ni de
maîtresse d’un ministre. Celui qui, à un moment de déchéance,
échouerait à Bécon-les-Bruyères se sentirait tombé si bas qu’il
en partirait aussitôt. Il ne pourrait même pas y vivre avec humilité.
Il n’est point encore de savants incompris, de grands
hommes méconnus, de condamnés graciés. Tout y est honnête
et égal. Tous vivent paisiblement. Les changements sont lents à
se faire. C’est deux ans à l’avance qu’une famille se décide à
quitter la ville, des époux à divorcer. Il n’y a de meurtres que
dans les rues ou les cafés. Et les criminels ne sont jamais béconnais.

*
* *

Quand le temps est brumeux, que les maisons, vides
comme les casernes à l’heure de l’exercice, sont silencieuses,
que les teintureries sont froides, perdues et éloignées du contact
hebdomadaire de l’usine de dégraissage, que la bière des cafés
est livrée, que les boutiquiers sont revenus des halles, une
lourde tristesse pèse sur Bécon-les-Bruyères.
Dans le calme de la matinée, on n’imagine aucune femme
encore couchée avec son amant, aucun collectionneur comptant
ses timbres, aucune maîtresse de maison préparant une réception,
aucune amoureuse faisant sa toilette, aucun pauvre recevant
une lettre lui annonçant la fortune. Les moments heureux
de la vie sont absents. Les enfants sont aux lycées d’Asnières ou
de Paris. Personne n’attend depuis plusieurs jours un rendez-vous.
Aucun soldat ne doit être libéré. Personne n’est nommé à
un poste supérieur ni ne rêve d’un long voyage. C’est l’enlisement.
Derrière les murs gris des maisons, les appartements
ne communiquent pas entre eux par des escaliers mystérieux.
Le passant qui ailleurs est peut-être député, acteur ou banquier
n’est ici que commerçant. Parfois, sur la voie, un civil qui n’est
que contremaître commande à deux manoeuvres et mesure lui-même.
Il ne doit pas donner sa démission à la fin du mois. Il ne
fait que vivre dans la crainte d’être renvoyé et d’être obligé de
recommencer, comme ouvrier, dans une autre compagnie. Parfois,
le fruitier ferme plus tôt son magasin. Il ne doit pas,
comme ailleurs, passer sa soirée à s’amuser. Parfois encore la
marchande de journaux de la gare lève plus tard que d’habitude
le rideau de fer de sa boutique. Elle n’a pourtant pas, comme
ailleurs, un amant nouveau qu’elle ne peut se résoudre à quitter.

*
* *

Un jour peut-être, Bécon-les-Bruyères, qui comme une île
ne peut grandir, comme une île disparaîtra. La gare s’appellera
Courbevoie-Asnières. Elle aura changé de nom aussi facilement
que les avenues après les guerres ou que les secteurs téléphoniques.
Il aura suffi de prévenir les habitants un an d’avance. Il
ne s’en trouvera pas un pour protester. Longtemps après, de
vieux Béconnais, comme ces paysans qui, en été, vous donnent
l’ancienne heure, croiront encore habiter Bécon-les-Bruyères.
Puis ils mourront. Il ne restera alors plus de traces d’une ville
qui, de son vivant, ne figura même pas sur le plus gros des dictionnaires.
Les anciens papiers à en-tête auront été épuisés. Les
nouveaux porteront fièrement Courbevoie-Asnières. Bécon aura
rejoint les bruyères déjà mortes.
Aussi, en m’éloignant aujourd’hui de Bécon-les-Bruyères
pour toujours, ne puis-je m’empêcher de songer que c’est une
ville aussi fragile qu’un être vivant que je quitte. Elle mourra
peut-être dans quelques mois, un jour que je ne lirai pas le
journal. Personne ne me l’annoncera. Et je croirai longtemps
qu’elle vit encore, comme quand je pense à tous ceux que j’ai
connus, jusqu’au jour où j’apprendrai qu’elle n’est plus depuis
des années.

Février 1927.


 

13 déc. 2016

1002
Quelle chanson la devise
Seirens chanté .... pour meurtres
-----------------------------
+ Seir = sere
FUT!
-----------------------------
1003
voyant
1) = seer
La Voyante de la Providence
= Helen Whitman, la
aussi apparemment pas plus
pourrait !!
doué de la seconde face
1004
serein
~ Siren?
Seir
1005
ßier vous
pas
Seir
1006
Seir
Sirius
sirènes
1007
Byron 802, un
a Siria =
salope = étoiles
Mount Seir 'Sirius
Stephens?
1008
Isis = Neith
Osiris: pas de douleur!
+ Seir !?
Osiris
1009
la
Unis, nous Seir
-------------
F. avec
Augenzeir
officier
1010
Stephens Seir '
1). On ne passe pas à travers elle pour
jamais et jamais: rassurer Poe: quand même
la Bible avait profezeit-il que
Personne dans le Fut = montagne a =
devrait déployer .... !!
2) Je iv, 505 Ezéchiel: Ainsi, je ferai MS
plus detholate, et coupé de cela lui,
a passeth dehors et ne l'a returneth!
1011
cere ~ Seir
1) développer branler
sceau
2) Ceres = (xxx xxx)
céréales?
1012
Montagnes Saintes
ont toujours inter
resse
1013
Oh W; il était tout à fait
un homme bon. "
Poe
1014
le sens de la
examen sans fin
Stephens Saoudite
Petraea "est: vous
peut en toute confiance dans le trou = Pays
voyieren
1015
sere voyant .. ~ ~ Seir Seir
est remplaçable; voir.
Seir: poissons W II
1016
Futhaark =
Alvabett!
1017
Elixßier
1018
'Ch du peuple = fille
Je Fr.
1019
dessécher
1) le retrait = tige (armes de poing)
facilement excité, chatouilleux,
omis, débraillé
1020
sere sear ~
2) sear: a) déduction = tige (à portée de main =
armes à feu
b) «lumière (chatouillement) du
sear '= facilement excitable,
chatouilleuse, dissolue = dévergondée
3) voyant = le «voyant» (= voyeur!)
= Eye / seer
4) cere: la cire; envelopper dans cirée
5) les céréales = céréales?
1021
sere ~ ~ Seir Zaïre
1) Ulalume
2) Stephens Saoudite '+ Pym
3) Silence
---------
a) sere (feuilles) sec et aride fanées,
teints ~ Automne / roussis,
mutilé, ruiné, marque
1022
Seir ~ ~ sear sere
1.) sear: sec, aride, desséchée
brûler!
roussi
brûlée, séchée
mutilées, détruire, ruine
marque, abus
1023
Blackwood 467
also Que tendre
Zaïre ...
----------------
la tendre sere!
par conséquent, il aimait le mot
1024
Mont = Fut
Ser Schamberg
la montagne de Zündlochs
(+ Burnt)
1025
Stephens = un frottement?
Arabe. Petr.
1) peter = pénis
2) Seir: on peut aussi
pure?
1026
Mai "paix"
Fut! = Venez
p.95
1027
sere = sear
6) Seir ~ sere particulier
différent
7) zéro? null 0
8) sere = Fut (PI)
= sear
9) = trou sear + touchhole d'un
piss = Full
1028
pour 'FUT'
- Ou nous voulons signer
faire? Avec vos doigts
flick? Ou avec Schnalzlauten?
1029
Etyms subjective
avec We = Tous
sont affligés
1030
tonnelier
'Monikins'
1031
Fermé le
apparemment simple
(Le Tsalal = Final)
fable
1032
W honigsüß
HaßDu encore
plusieurs disques?
1033
Le übereinanderlie
mugissement
disques Cellophane =
--------------------
(A titre de comparaison) Pym
etc.
1034
Tsalal = couches
1) Irvings, 'Astoria'
2.) Fletcher, 'Purple Osland'
3) 'Arabie Pétrée' Stephens
4) l'hébreu
5) Cooper? 'Monikins' ??
1035
la
Rêve = Divorce
-------------------
V: a Tr = Scheider.
-------------------
Deuter comme «sources = Sch.)
1036
il est pour une large =
pays n'a presque pas
vous devez
créer: et je suis
la réprimande par le
Anglo-Saxons assez ge =
être tuellement
1037 recto
besoin urgent
est le raffinement
Texte d'observation
car il va sûrement essayer
d'écrire un bon livre
PTO
1037 verso
il est donc probable que la même
besoin de temps, il
lire presque exactement
- A propos d traducteur.
1038
philologue
un
Griel
bâillements est une autre
à:
Loir il n'a pas été
indéchiffrable
1039
(Le plagiat de Poe)
«Définir un voleur pour attraper
un voleur '
grommela W
1040
06/07/1836 Richmond
Poe demande Cooper
Messages f d. SLM
1041
Pym +
la
'Monikins'
Coopers
1042
"Be my
Tail sentiment Testing
attention
certainement "
1043
penser
Queue = test émotion
Merci!
(Cooper, «Monikins»)
I, 175
1044 recto
W secoué:
"Oh bißt D & uacute; commun
- Entschuldije Dän "!
lui demandai pénitent: «Je
dit nich gar 'bißDu' mais
"PTO 'Ißdas'
1044 verso
"Quand est le texte =
variation significative
mieux, Wilma? "
1045
Cooper a écrit Rezensi =
tion au sujet
explorations arctiques
(~ 1821),
1046
Lire Cooper!
probablement plus fructueux pour P.
être, comme vous le pensez!
1047
(: Hey): Gorstchwzyb!
=
(Cooper, Moni, II, II)
1048
I = auto ne me regardai
plus d'un
lit. Notes et singeries
Appareil d'engendrement
1049 recto
Je fais un Un =
reconnaissant Recognoszierungsabeit
pour
- Plus tard, inévitablement
à venir! - artistique
PTO
1049 verso
en utilisant la
etymaren
apparences
1050
euhemeristisch
déclaré
1051
à d. la combustion sud
d gouverné. Monde
Surtur, d Noir
1052
Cham
Fils de Noé 'Hamites'
sur Tsalal pourrait
Cham est sa descendance?
1053
Fr.
Elle hocha la tête me
indécente Bohémiene
ici
1054
dans un
bout de
absence morale
...
1055
Je vis comme
un Sket
v. ascétique
1056
Poecocke, Rich
Poe = cock
Ass = bip Hahn
-------------------
les voyageurs Orient
1057 recto
PTO
bum noisette Po
-----------------------
= Leatherstocking
1057 verso
bum noisette =
Ass-Nuts
1058 recto
Cooper? PTO
son Pathfinder
1) Natty Bumpoo
a) = noisette Amourous = forte
noix = testicules humains
écrou = gland
2) = brûler les dents postérieures
merde = coït, briser le vent, déféquer
merde = d arrière. navire = bureau
Pooh Pooh =: fusil, gros canon
1058 verso
"Nadd & uacute;: Eener, de son '
Heldn ouvertement
bum noisette = merde
appelé? - "
= noix oeufs
bum ass =
poo = = fusil coït
1059
quelques
Sunken Konso =
näntchen
Etyms
1060
trading Schleich
signification interdite =
tions
1061
la
Conquérants de South =
Pos
1062
«Step-large '
1063
"Impossible
moins de 50 000
être présents queues "
(Cooper, Monikin II, 8)
1064
"Homme, tu es ...."
(Ce petit mot «fou»
il pensait seulement)
ils
1065
quand
tonnelier
la
Onandanga
+ Onan ??
1066
Pol Pym
aussi pourquoi -
Pôle Sud - parce qu'il est
Sud = tige est.
1067
Monikins
juillet 35
1068
Jaj & agrave;. Mais =
d & eacute; ch.
1069
Foire: 2 femmes
"Où iss nn Votre
Votre quotidien? "
= mari
1070
B 6,25
"L'ouverture à travers laquelle
Flamme pénètre l'âme,
et la «charge» enflamme: est
le trou de contact appelé "
1071
Mme?
couvert de mauvaises herbes
1072
Cooper 'Monikins'
peut constamment v.
parler des queues?
Digression!
1073
Monikins
Cooper la queue se sentant plus
être attention Käptn
Noah Poek
Poke (!!)
est avec l'exclamation «roi»
beheftet = putain!
--------------------------
P1 = percez baise !! poker = pénis
1074
lui-même leur
bemädchigen
1075
la
Po = Source
S!
1076
Monikins
7) la vapeur = Air Pym: «vapeur»
8) le cannibalisme !!
1077
pas de bruit Dän
1078
1.) Monikin comporte une introduction: comme Pym
2.) 28 Summer ~ Summer 27
+ 28
3) les échantillons de parole
49 l'Wärmesee sur le cannibalisme!
pôle Sud
5) de «jalon»: un Monikins grèves,
(292) d. Avec la queue à S u N montre !!
1079
Pym
Tsalal
le même
Hyper = notes
Monikins
-----------------
pas ... Boräer
1080 recto
Moni = queues
a) II, 117 effrayés ...
me prit par d. la racine d. la queue,
parce qu'il n'y avait pas de boutonnières depuis
b) toujours interchangeables: les organes génitaux +
Queue coupée (II, 128)
c) III, 131 "au moment où il était très queue, maintenant
tout à fait souche Cooper était de 46! PTO
1080 verso
d) II, 134, il y a la «horizontale
+ = Le Perpendikulären 'où il reste
est, et où il se bloque.
e) "capital = queue nouvellement terminé"
II 134
f) II 137 être Sw. pour protéger contre
mites einzupfeffern
g)
1081
PanPoeïsmus
-----------
V:. Penpoist
Punpoïst?
1082 recto
id Cooper. Monikins »: utilisés
le mot «queue» dans le allerverdäch =
des moyens importants: a la I, 175
1) la queue émotion que vous test avec
2) montrer avec d. Tail
3) 50 000 Sw. Présent
4) 2 pouces de la queue coupée PTO
1082 verso
5) Avoir d. L'esprit dans la queue
6) maintenir la branche
7) II 55 la queue à 6 pouces
abzustümpfen (sic!)
8) Auguste de la Reine: "Wist
Mon, A., que les hommes ont des queues? "
donner (II 70)
9.) II 75 f: avec la queue d Accolade.
1083 recto
Cooper, Moni, «queue»: tours
10) II 96: il ne m'a demandé, son
Pour voir la queue
11) le temps que même une queue
portait (II 78)
12) l'Erzbisch unie (= oser) une paire,
"Les tournant avec son épiscopalienne
«La prise de force Tail
1083 verso
13) II 87: "Ma queue était au moins
3 '' que d plus courte. D. Messenger v. Springauf,
d. dans cette pièce importante sur
La plupart des bénéficiaires naturel vd Mi =
nistre "
14) II, 113: «les 12 portait Schweiffutterale"
---------------
a) ne pouvait pas rapidement
hog hérisson:
b) ce besoin de dames de Cooper se réjouirent
ha =
Ben: "Oh papa !!"
1084
Hervey Allen
873
l'image de la queue
1085
La projection de
propre personnalité
dans l'enfance:
du panier 'osier'
Pym, Phall
1086
en fonction sud = po = Licher,
le plus chaud
1087
Allégorie + Satire
de les Monikins 'a la Coopers
était alors la mode
Mardi de Melville!
1088
Monikins!
parfois un troisième
Party 'Tangentes'
le «toucher»
le 'toucher' !!
1089
+ ass
lire
1090
Je le fais, atten =
sam: que le
Monikins
comme allégorie en plus de la brillante =
satire politique forte, une forte
élément allégorique enhalten
1091
rompre
1092
la quatrième couche? au milieu
"Mais vous êtes toujours
pas mûres - "(déjà
Je l'ai vu 6 beteuernde, indigné,
plaidant mains
devant moi - en 1 un
spinelle invisible) - PTO
1092 verso
: "Est-ce qu'un
vieillissement solitaire
Les gens parce nich en paix
écoutez? -
pas à maturité avant
cet après-midi. "(salut)
1093
"Il est un secret."
"Donc, une raison de plus
de parler! "
1094
P = poudre maison
nez Lich -
timidement / W:
me prit par
Page: «SiehsDu comme
PTO
1094 verso
déjà
poudrage Nose!
------------
Fr. lui aide apitoyé
avec le gland.
1095
la
weißellbogige
X
1096
moi
"Cela vous coûtera ...?"
"1 de Halfpen"
-------------
(= Ha'penny
+ Demi rack!)
1097
Ah W:
am matin
pour vous à nouveau
I mais nich nouveau
plus là pour toi "
1098
Tekelili Pym
Peut-être effectivement
un chatouiller
voix
comme onanisme = Temptation
avec construit
1099
Fr. 'Foteln' Photo Fr.
voteln li enregistrements Ra
faire
J'ai commandé le Soleil
peindre son portrait! et
le Soleil a fait. (Avec 1/60)
1002. Tail
1100
'La Voyage des 24 heures'
Kératry, A. H.
Paris 1824
1101
il les prit avec
poignées gentleman
1102
et d'autres
'Legendary'
les parties du corps
K. = Partager
(Femisierung) corps
1103
chuchotement
1104
avec freinage
voix
1105
la
Cross = Rechercher
-----------
(Chamisso)
1106
il beardedness viril;
aussi
buste sur sa
le torse
1107
(Mais sans doute
Moiré déjà?)
(Tissu, «arrosé»)
Ciel de soie bleu)
1108
ceux-ci sont Dan
bon 10 km
-----------------
Il vient
10 bonnes - ou
moins
bon!
1109
I Comme,
Hodeget
... va
-----------------
off = exemple
Signpost, leader
1110
nous
laisse plus encore Feger dans
parc = aux Cerfs =
(N image f. Eb. Schl.!)
1111
béni
gai
tumulte
dans leurs âmes
var: mûrier sac
1112
un
lein?
tutu de
Tiretaine
Pi IV, 122, 'Belinge'
1113
tous les termes
association si hautement capable
lustfully
1114
Maimon re Ra
(Également «Jad Chazakha».
La «main forte» afin
pas 'nalga Lata'!
1115
Maimon, Moses Ben
Moreh Nerochim
= Docteur perplexorum
Les enseignants d. Perplexe
1116
Encore une fois tenir le fil
xxxxxxxx
xxxx xxxx
xxxx xxxx
xxxxxxxx
Mais cette fois-ci pour Fr. / son cas
la conduite de la main sur le dos
lieu - le caoutchouc élastique large
se sentir lié son soutien-gorge. PTO
1116 verso
"Oh - désolé,
Franziska
1117
Quelle est la
«Woman in White '
Neith
1118
«La suite
Madame, vous
question test,
Par ailleurs appelé Neith "
--------------------
(Nonchalamment!)
1119
Neujestät
(= Nouveauté + Majesté)
1120
cette question est encore
pas de temps à droite
1121
L'audience moyenne
résultats
passionné par son
ignorance
1122
artificiel
Beards
----------------
S'il vous plaît frapper la prochaine fois que je
moi 'n artificielle - vous aussi
PTO
1122 verso
Gephallen "
------------
"Just nich" Fr.
1123
(Jealousy de
Worm, ci-dessous)
ne dort jamais)
1124
Celui qui,
diable godlike
(Cooper) Dän
1125
Principe: Rechercher suivant! 'Flor'
Spout, voile, etc.
Matériaux transférés à l'air =
perspective u. Ä.!
Au loin, des bois très Mus'lin
1126
Tu mens = toi! - Venez = égale
10 fois:
"En tout juste ralenti
l'esprit du mal "
Kleinstsie couverte
Plis donnent l'Zeigefingerchen
tour avant aujourd'hui &
commencé
1127
10 he =
1) «Dans müßijer tout en créant d. L'esprit du Mal"
2) témoigne
3) busijer
-------------------------------
4) la laine
-----------------------------
5) En témoigne busijer Evil Genius laine Dän
6) Stylos
7) " 'Aufhör'n: Final" Elle se tut
1128
Le Narra =
bourdonnement lumineux
voix
introduire
1129
"Il est encore
parler. "
1130
P :)
abdominale!
abdominabel!
1131
un petit
häußlicher
ouragan
P & W
1132
Fr.) et a fait le
Jambes?
----------------------
obtenir plus mince
et pire
1133
Franzele
Fränzel
1134
Notre 'drapeau' nous volette vers l'avant:
nous avons soulevé le débat
Sticks (et rapportés dans, sûrement que
divers à désigner) Rich =
tions
1135
et confirmé par
un crissement
"Achoo!"
1136
note perfecte
Celsii
1137
Surmenage = triades
Peep = Metzigkeiten
Trilliaden
(V. Trilliarden?
1138
son
Avec = lièvre
(A la ... personnes)
Avec sa = voiture?
Livres?
1139
Caramba!
1140
pour enquêter
ver = duzt
verduzzt Fr. dit constamment
ferduzzt 'Vous'
1141
"Nuu? Mlle Hazel =
coeur? "
(A = Kreuzwegkompli
mENT)
1142
Mesurer = Liebchen
1143
Mlle dans ses Teens
1144
Fr.
studieux
befliß situé
1145
zutunlich
1146
Fr. regarde à travers verre double
(Ce que je réaffecté)
et en a profité
de bon cœur d'eux-mêmes pour me =
rejeter, à partir des épaules
pour délicate Popo - gémi aussi
Deux-face assez. "Fantastique!"
"Sweet -" (comme ils l'avaient prise de force
1146 verso
la contre-pression naissante
errankert)
1147
et juste
fearefull humblesse
vers lui, elle
est venu
Spenser
1148
ma
eau régale
t (les autres
En conséquence regia)
1149
le grand pâle violet doux
Acorn dans sa main
-----------------------
Il la regarda pensivement
perdu dans ses pensées ....
1150
(Il renifla)
«L'homme, vous est oui
pur Nes = Café
off! "
(Pee)
1151
Man, vous avez, mais
un
Fumet!
--------------------
Wildpret = odeur
1152
"Ceux damnés nouveau sous ="
pants (il rugissait nestelnd)
"= Pants! Avec la Trinité, e
expérience de fente 3 = pli sittigen: Pour
Mort on cherche! "
1153
PFUJ!
1154
"Immoral? un
beaucoup echauffiert
trop l'ouest
1155
((3ème couche encore
pas mûres))
-----------------
suivant
le quatrième est constitué de
Breccia - le livre Brocken,
qui est lu, le
ont eu lieu à lui pendant
1156
la plus belle
jambes v d hauts.
monde
Fr.
1157
Il est plus - au moins
avec le désormais familier aux agents
de philologie - être possible
à tous les éléments de commutation à l'intérieur
le crâne POE'schen nachvollzie =
procéder à saisir -
(Ff Pym III)
1158
poe .....
no = pompeuses finales
déclaration finale; mais
seulement la levée de
nouvelle couche de texte
Formations d'un
PTO
1158 verso
très compliqué &
tissu imperméable à l'eau
1159
Spenser, Reine, VI, 8, 35. -
1) déserts Wylde
2) saluage nation, qui a vécu
de la furtivité et spoile
3) mangerez la chair de l'homme
4) (qui) par errour, ou par wreckfull
Wynde
5) 40: huée = PTO hallowing
1160
Faerie Queene
car il plus fort
«Cunt» s
divisé est Cunt = oh! S
1161
la belle Lurette
fille joyeuse
Offenbach
Fr.
1162
Plaudertäschchen,
(= Mouth)
rouge bordée Fr.
1163
leurs mots
fermes, fixe et un =
oublieux
1164
très
un succès
Mélange de parole
et silence
1165
la
Monde = Hausmeyerin
faire: grenouilles plus déversoir
ascenseur, et sept points
déplacer, PTO
1165 verso
enregistrer les bourdons.
(L'homme a en effet
que récemment 'xxx est chaud'
mangé; sûr)
1166
Spec. IV, 81 et suiv. Pym
Tsalal?
Ruisseaux, l'eau
Red & Black?
1167
courageux
1168
Faisans = surabondance
1169
eh I '
mon année
Pound platine afin
ont ensemble
-----------------------
(~ Un revenu annuel)
1170
P
souffle énorme
1171
ami
«Je dois cause
moi encore
zusammenzu attention =
hold "(enfant = allusion
1172
Jurer à propos
Nascherinnen
Blackberry = snacking
des femmes sous =
raisonnablement // Yarrow
Collecter?
1173
Nature poète a la
Stifter, un
Melker selles An'n
vor'n
ass sanglé
1174
montre l'ignorance des Grecs
en témoigne le fait que
ils Sciences & Arts
saillir 9 femmes les
gauche - dans la connue
(Biologiquement déterminé) Culture Hostile =
accélérer une plus faibles créatures
erreur étrange.
1175
Fränzel seulement Mád =
'École disparu: en
Mixte est un bit
vie plus efficace, sublimés
moins; dans le plus pur: monde =
étrangère, mais plus sage + PTO
1175 verso
Musique et dramatique
1176
«l'âme» édité
chimères roundish
Ski = M & egrave; s
(Ski = Moravia ~ m & egrave; s)
plutôt que de tranchants
vérités
1177
faite de sa main
un Perlmutterkamm
& Striegel
& Combs Fr.
1178
languissant
vue
yeux
1179
l'épaule froide
show
Fr moi?
1180
voir plus =
avec
vide vilain
sourire
Fr. regarde W
1181
W
regardé spongieuse
à partir de
1182
Blasfemien,
hachurée sur
Lutter = plage
1183
I III, 447
Coin d. Âme
donc 'phrénologue'
en raison de phrenes =
diaphragme vient
1184
tout ad libitum
1185
Backfischfest langue
Fr. dans leur
1186
P W:
"Ordre! - vous
spünnst - "
+ = Spünne Piez
1187
beau ver
jour
(S)
1188
la
barbotage
1189
tordant sa queue
poewise! "
.... "Suite P.
1190
flirter
1191
La mince lente
Mouvement du flux
à côté de nous, et la
douce Gxxx d'aquavit
Aequawitz en nous
1192
Les tâches de garçonnes: à partir de
lire des livres minces; cyclisme;
Vernis à ongles, Vötzchen Freestyle =
graisse; casse coloré culte;
être-talk - "(aisselles
haussement): "must de digestion
ils écrivent aussi bien, la respiration et
forte locomotion. "
1193
(Vos rats d'eau)
Tous deux obtiennent le
Bath = Médaille
1194
vert? eu?
grauäugelnder
bleu
Zwinkerblick
(Zwinkherr?)
1195
W wampte
vampte?
---------
surpoids autour
1196
Rückert, «Wanderer»
am Bach: 400 u.
1197
"Pene porcine
di vino "
-----------
(S!)
1198
nymphes
jusqu'à 35 personnes l'âge
1000
1199
LS: «Petit arc»
Marweder façon / haute tension = Gittermast li.
de / Lutterbrückchen / Endeholz / recommander
Weiden - Champs / Bargfeld v W son /.
très simple!
1200
dévêtir
1) W
2.) Fr.

2 sept. 2016

LA PONCTUATION DANS
LE RIVAGE DES SYRTES DE JULIEN GRACQ : UNE
POETIQUE DE L' OUVERTURE

 


Résumé

Le Rivage des Syrtes est un roman à forte charge suggestive, une oeuvre où l'imagination
s'épanouit . Cet article tente de montrer que dans cette vaste symphonie de l'imagination, la
ponctuation a joué une partition capitale grâce à l'exploitation, par l'auteur, de ses
ressources cachées . En effet, grâce à la combinaison de certains de ses divers éléments (virgule, point- virgule, deux points, parenthèses, tirets, guillemets, majuscule, italique, points de
suspension...), Julien Gracq réussit le tour de force de non seulement restituer une sorte
d'unité naturelle des choses, de réconcilier le monde à lui-même, mais aussi d'installer
souvent, dans l'instant fugace de sa prononciation (lecture), le foyer sémantique et donc
philosophique de l'histoire au coeur d'une expression ou d'un mot, faisant ainsi du roman
une vaste caisse de résonance.
Mots-clés : virgule, point-virgule, deux points, parenthèses, tirets, guillemets, majuscule,
italique, points de suspension

Summary
 

Le Rivage des Syrtes is a highly suggestive novel, a work in which imagination fulfills itself. This article attempt to show in that hudge imagination on symphony that punctuation plays a
central role through the novelist's exploitation of its hidden resouces . In fact, through an artistic combination of some of its various elements (comma, virgule semi-column, column point, brackets, dash, inverted comma, capital letter, italics, suspension points...), Julien Gracq, brilliantly, achieves a tour de force which consists of
creating a sort of naturel unity of thing, of reconciling the world with itself and also of
displaying during the very short instant it is being read , the semantic and philosophical
dimension of the story at the core of a phrase or word, turning in this way the novel in a big
echoing box.
Keywords: comma, virgule semi-column, column point, brackets, dash, inverted comma,
capital letter, italics, suspension points



INTRODUCTION


Quand parut Le Rivage des Syrtes1
en 1951, André Breton, le sourcilleux pape du surréalisme
auprès de qui le genre romanesque avait trouvé un de ses contempteurs les plus acharnés, s'en
enthousiasma.
C'est qu'il y a, en effet, dans cette oeuvre une singularité, une fraîcheur dans l'écriture que les
critiques ont cherché à débusquer derrière le foisonnement des images et des métaphores, derrière les influences plus ou moins profondes du romantisme ou du surréalisme. Peu ont
subodoré le rôle que la phrase a joué dans cette orchestration. La phrase de Gracq est, certes, un entrelacs subtil de diverses circonvolutions promptes chacune à bander le ressort
multidirectionnel de l'imagination du lecteur . Comment la ponctuation en amplifie-t-elle la caisse de résonance dans l'esprit du
lecteur ?
Par quels biais l'imagination de celui-ci est-elle amenée à la combler ?






 I. OUVERTURE SYNTAXIQUE
 

Le lecteur est d'abord frappé par le déroulement infini de certaines phrases de
Gracq (dont une se déploie sur une quarantaine de lignes dans le dernier chapitre2). L'auteur
fait littéralement exploser les limites de la syntaxe française en la bourrant, ou plutôt en
l'étirant plus qu'elle n'en peut. La volonté de libérer la poésie, qui a abouti chez Baudelaire
à l'éclatement de la limite du vers dans les Petits poèmes en prose, trouve sa continuité chez
Gracq mais sur un plan syntaxique. Au-delà de cette liberté, ce qui est visé, c'est justement
le souci de révéler et de préserver par l'écriture une certaine unité naturelle des choses. Les
surréalistes ont essayé d'exprimer cette unité par l'écriture automatique, mais la totalité qu'ils
n'ont fait que sentir par ce biais, que Freud a approchée par sa méthode psychanalytique et
que la dialectique hégélienne a toujours visée, Gracq essaye de l'atteindre par sa syntaxe
ductile : "[ ] plus que par des combinaisons de rythme ou de mètre, ou par une certaine
qualité mélodique de l'expression, on pourrait définir peut-être la poésie comme la mise en
sommeil momentanée (un véritable sommeil hypnotique) de la syntaxe.3
" Puisque la poésie prend en charge la totalité du monde, l'écrivain atteindra cette
dernière en réalisant la première. Aussi Gracq avoue-t-il dans Lettrines : "[ ] La coulée
unie et sans rupture, le sentiment qu'on mène le lecteur en bateau et non en chemin de fer, m'a fasciné, lorsque je commençais à écrire, au point que dans mon premier livre je l'ai
poursuivie aux dépens presque de toute autre qualité.4
" Cette propension ne s'est
certainement pas estompée après ce premier livre (Au Château d Argol) ; on la retrouve tout
aussi bien dans Le Rivage des Syrtes. Elle se sert de divers procédés pour ne pas tailler l'idée
à la mesure de la syntaxe dite régulière.


1.1 La virgule
C'est d'abord le retardement du "complément qui évite de fermer trop rapidement ce
qui doit rester ouvert5
" comme dans ce syntagme évoquant le tableau de Longhone :
" [ ] mon attention fut aussitôt vivement attirée par un portrait auquel
j'avais tourné le dos à mon entrée dans la chambre, et qui me donnait
maintenant l'impression subite, par sa présence presque indiscrète et une
sensation inattendue et gênante de proximité, d'être venu soudainement
émerger à la faveur de ma distraction sur cette face lunaire." ( p. 644).
 Dans ce passage, le syntagme [ par sa présence presque indiscrète et une
sensation inattendue et gênante de proximité] renvoie plus loin le syntagme complément
[d être venu soudainement émerger à la faveur de ma distraction sur cette face lunaire]. Dans
ce dernier même il y a un enchâssement analogue [à la faveur de la nuit] faisant différer le
dernier complément [sur cette face lunaire ] qui prolonge de façon ultime la vie de la phrase. Celle-ci, dans l'écriture gracquienne, est en lutte permanente avec le point, élément de la
ponctuation qui décrète sans appel la fin d'un déroulement, la mort, même si elle ne coïncide
pas avec la fin de l'idée. Gracq se sert pourtant d'un signe de ponctuation pour repousser ad
libitum le surgissement fatal du point. Dans l'exemple ci-dessus, nous avons signalé des
syntagmes qui entretiennent la vie de la phrase à ses moments critiques ; ce rôle a été facilité, en effet, grâce aux virgules qui ont le pouvoir de suspendre momentanément le cours d'une
idée et de favoriser le développement d'une autre.


 1.2 Le point-virgule et les deux points
Avec le point-virgule, la phrase bénéficie d'un sursis plus long. C'est peut- être parce que ce signe concentre en lui les vertus des deux autres (d'où le nom ?) : la liberté
dont bénéficie une phrase naissante après le point qui met un terme à la précédente et, en
même temps, le privilège que la virgule procure à une idée nouvelle de s'insérer dans une
première. Dans les phrases où ils apparaissent, les points-virgules viennent en appoint le plus
souvent lorsque les autres moyens, telle la virgule, épuisent leur pouvoir comme dans cette
phrase certes étirée, mais que nous avons choisie parce qu'elle est des plus brèves de la série
de phrases longues que nous avons recensées : " Pour un regard plongeant discrètement dans les rues du soir, le mouvement
des petits points noirs qui y fourmillaient eût évoqué maintenant non plus le
bombillement éparpillé et incohérent des insectes dans le crépuscule, mais
plutôt une limaille fine peignée et renouée sans cesse par le passage
d'invisible aimant ; à l'heure plus lourdement chargée du destin qui
approchait, on eût dit parfois que de grandes lignes de forces inscrites dans le
sol d Orsenna par son histoire se rechargeaient d'une électricité active, retrouvaient le pouvoir d'ordonner ces ombres longtemps si détachées, et
maintenant attentives malgré elles à un murmure venu de plus loin que la
zone des idées reçues. " (pp. 812- 813).
 La suture majeure est ici assumée par le point-virgule et une fois la phrase
relancée, rendue à la vie, les virgules réapparaissent pour préserver le plus longtemps
possible ce nouveau souffle. Cette fonction du point-virgule dans la phrase de Julien Gracq est
analogue à maints égards à celle d un autre trait de ponctuation : les deux points. La
différence, parfois difficile à déceler, est que ce dernier signe de ponctuation introduit
souvent une note explicative alors que le premier prépare l'apparition d'une idée plus ou
moins autonome par rapport à une précédente. Mais, comme nous l'avons noté, cette
différence peut s'estomper car la liberté que donne le point-virgule inclut celle d'introduire
une explication comme une phrase peut être une clarification d'une première. On trouvera
aussi, dans la syntaxe de Gracq, l'utilisation d'autres signes qui permettent de prolonger d'une
autre manière la phrase : les parenthèses et les tirets.


 1.3 Les parenthèses et les tirets
Véritables lieux de développement de syntagmes enchâssés, les parenthèses et les
tirets sont cependant distribués de façon déséquilibrée. On note, en effet, une nette
prédominance de l'usage du tiret par rapport à celui des parenthèses dans Le Rivage des
Syrtes. Les deux procédés ont, du point de vue syntaxique, la même fonction : favoriser le
développement plus ou moins long et autonome d'une pensée. La fréquence nettement
dominante du tiret découle d'une préoccupation esthétique dont le sens principalement
sollicité est la vue. Les tirets sont moins incisifs, moins coupants à première vue. Ils ne sont
d'ailleurs pas très différents morphologiquement du trait d'union dont le nom est évocateur. Par leur horizontalité, les tirets préservent l'unité de ce qui les précède et de ce qui les suit
sans que la fluidité de la phrase en soit affectée. Par contre les parenthèses sont plus
enveloppantes, plus discriminantes par ce que leur forme légèrement verticale et bombée
suggère à l'oeil, non pas une coupure définitive, mais au moins une suspension provisoire. Cette impression (purement visuelle, rappelons-le, mais l'esthétique gracquienne
s'adresse aussi à l'oeil) est du reste à l'origine d'une expression dont l'auteur lui-même
convoque la force d'évocation dans le roman : "[ ]Orsenna réagissait avec la myopie entêtée de l'extrême décrépitude :
comme un vieillard, à mesure qu'il avance en âge, réussit de mieux en mieux à
mettre entre parenthèses6
des préoccupations aussi imminentes et aussi
considérables que celle de la mort ou de l'éternité[ ]"

(p.811).
 L'expression "mettre entre parenthèses", métadiscours qui donne de façon
métaphorique la fonction linguistique de la parenthèse rend bien compte de la partie de
cache-cache qui se joue entre l'homme à la fin de la vie et la mort. Les "préoccupations [ ]
imminentes et [ ] considérables [ ] de la mort ou de l'éternité" ne sont nullement
éliminées, ni même suspendues pour une durée indéterminée. Elles existent et continuent à
se manifester à l'homme vieilli, mais sur un autre registre dont on ne comprend le code
qu'en ayant recours à celui de la parenthèse. En effet, la parenthèse invite à une lecture sur un
registre différent. Ce changement peut être lié à la suspension d'une pensée pour l'expression
souvent brève d'une seconde qui se pose en porte-à-faux ou qui introduit une perspective
omise auparavant. Dans le passage ci-dessous, par exemple, le fil de la pensée des dirigeants
d'Orsenna, dont Aldo prend connaissance par la lecture des instructions officielles, est arrêté
pour faire place momentanément à une observation du héros : "La " remise en état de défense" de la forteresse (je fis réflexion en passant
qu'il était au moins curieux qu'on eût mis tant d'empressement à croire sur
parole un témoin si éloigné) " ( p. 674).
On voit là comment la parenthèse suspend une pensée première et évite, en même
temps, la rupture syntaxique péremptoire d'un point. Le changement de registre peut aussi, comme nous l'avons dit, être l'introduction d'une perspective nouvelle, pas nécessairement
opposée à une première mais qui vient comme en appoint : "-[ ] On nous cherche ; on nous trouvera (le geste était tranchant et décidément
noble) " (p 704).
 Apparaît de nouveau la même fonction mise en exergue plus haut et à laquelle est
jointe celle qui permet au narrateur de compléter les paroles de Belsenza par l'expression de
sa gestuelle.
Mais on remarquera que, partout où elle apparaît, la parenthèse gomme une incompatibilité
syntaxique qu'il est facile de mettre en évidence par le test de l'élimination : " "La remise en état de défense" de la forteresse[ ] sur laquelle, paraît-il,
tout Maremma braquait chaque jour ses lorgnettes (l'énorme masse de la
forteresse s'enlevant de très loin au dessus de ces grèves plates) semblait [ ]
avoir accru la fièvre qui faisait bourdonner la ville[ ]"(p.674).
L'équilibre de la phrase est menacée si le syntagme encadré par les parenthèses est libéré. Par contre avec les tirets, cette menace est beaucoup moins présente et la phrase
préserve, pour l'essentiel, sa fluidité :
 "Vanessa m'entraînait maintenant rapidement vers une colline assez raide - la
seule saillie de ce plateau nivelé - qui se profilait devant nous en avant des
falaises, dans la direction de l'est"( p.684).
 Fort de tous ces procédés cités, Julien Gracq peut s'offrir plusieurs possibilités de
combinaisons pour atteindre, par l'écriture, ce que sa thématique s'est toujours fixé comme
fin : restituer l'unité des choses, combattre la tendance fâcheusement inhérente à l'homme de
ramener tout à la mesure de sa raison. La conjugaison de ces différents procédés d'élongation
de la phrase : virgule, point-virgule, compléments retardés, tirets (on notera l'absence de la
parenthèse), a donné lieu à la phrase la plus longue dans Le Rivage des Syrtes. Les
quarante-six lignes 7
sur lesquelles elle s'étale et où les tirets reviennent fréquemment pour
s'offrir en nouveaux réceptacles, suggèrent subtilement, mais impérieusement, l'atmosphère
presque indicible qui baigne les "Instances secrètes". Cette description s'adresse moins à la
raison qu'à l'imagination toujours consentante à tout ce qui s'annonce comme aventure. Et la
prose de Gracq est avant tout une aventure syntaxique. Sa phrase, comme il le dit
lui-même de celle d André Breton, est "déferlante". "Son utilisation consiste - à la manière de
ces "surf-riders" qui se maintiennent portés en équilibre vertigineux sur une planche à la crête
d'une vague jusqu'à l'écroulement final - à se confier les yeux fermés à l'élan de vague
soulevée qui emporte la phrase, à se maintenir coûte que coûte "dans le fil", à se cramponner à
la crinière d'écume avec un sentiment miraculeux de liberté, à la suivre partout où la mène un
dernier sursaut de vie, un influx privilégié de propulsion, en s'en remettant d'avance, et sans
plus y penser , à sa propre souplesse et à son instinct de bon nageur pour émerger le moment
venu, au moindre dommage de la catastrophe finale.8"
Remettre à plus tard et le maximum possible le couperet du point, telle semble être
une des constantes de l'écriture de Gracq. On s'étonnera peut-être que le roman dont toute la
trame tend vertigineusement vers la mort présente du point de vue de l'écriture une certaine
résistance. Le paradoxe n'existe qu'en apparence et c'est toujours le combat contre l'artificiel
qui se prolonge d'une manière inverse à celle de la fiction. Orsenna a vécu trop longtemps et
ne se maintient que grâce à une volonté humaine qui, lorsqu'elle découvrira la vanité de son
entêtement, se mettra au service du naturel en oeuvrant pour le renouvellement. L'écriture, dans Le Rivage des Syrtes, s'oppose, quant à elle, à la mort "accidentelle"
(au sens où le mot s'oppose à "naturelle") de la phrase ; une mort toujours décrétée par la
raison excessivement coercitive. Lorsque l'histoire se charge de faire en sorte qu'Orsenna ne
fasse pas ajourner son heure pour bénéficier d un sursis, l'écriture, elle, se donne la mission
d'amener la phrase indemne à son rendez-vous. Écriture et fiction se complètent, du moins
dans leurs objectifs, pour traduire l'Univers et sa loi : toute chose doit disparaître à son
heure ; pas avant ni après. Mais de ces deux tâches, celle assumée par l'écriture est
naturellement la plus délicate puisqu'au moment où s'ouvre le roman, Orsenna est déjà assez
mûre non pas pour réveiller les forces de destruction, mais pour troubler son sommeil ; elle
est presque au seuil de l' "attente". L'écriture, par contre, est constamment menacée dans sa
mission par l'irruption du point, instrument de la raison coercitive. Cependant la présence de
phrases brèves dont l'une sert justement d'incipit au roman n'induit nullement, loin s'en faut, un échec de l'écriture. Ces victoires ponctuelles seront toutes balayées à la fin du roman où
est déjà localisée la phrase la plus rebelle à la syntaxe "régulière". Et si la dernière qui ferme
l'oeuvre n'est pas aussi étirée, elle n'en constitue pas moins l'épiphanie d'une syntaxe
rebelle : "Je marchais le coeur battant, la gorge sèche, et si parfait était le silence
de pierre, si compact le gel insipide et sonore de cette nuit bleue, si intrigants
mes pas qui semblaient poser imperceptiblement au-dessus du sol de la rue, je
croyais marcher au milieu de l'agencement bizarre et des flaques de lumière
égarantes d'un théâtre vide mais un écho dur éclairait longuement mon
chemin et rebondissait contre les façades, un pas à la fin comblait l'attente de
cette nuit vide, et je savais pour quoi désormais le décor était planté"(p.839).


 II. OUVERTURE SEMANTIQUE


Cette rébellion se poursuit par ailleurs jusque dans le mouvement de la phrase. La
vitesse de la phrase de Gracq est fondamentalement non uniforme. Elle se caractérise par des
ralentissements qui endorment, comme on pourrait dire la vigilance, et par de brusques
accélérations qui décuplent la tension et la portent à un degré non atteint auparavant. Ces
leviers de vitesse sont situés, pour la plupart, au niveau microcosmique du mot. Mais leur
effet, macrocosmique , affecte toute la phrase qui les porte, et partant, le roman tout entier. Ce sont généralement des procédés de soulignement de mots ou de groupes de mots qui
greffent, sur le sémantisme des éléments ainsi signalés, une note nouvelle. Ces procédés sont
essentiellement constitués dans l'écriture du Rivage des Syrtes, de guillemets, de majuscules
et d'italiques9.
.
2.1 Les guillemets
La fonction primordiale des guillemets est de signaler "typographiquement, les
éléments sur les lesquels ils portent"10.
 Les exemples les plus fréquents dans le roman sont
ceux où le langage officiel du pouvoir affleure dans le récit du narrateur.
Ils signalent donc un certain langage dont le code n'est pas nécessairement le plus
couramment utilisé. Les guillemets, sous la plume de Gracq, trahissent souvent l'ancrage dans
une certaine culture, ou tout au moins l'existence d'un code, tacite ou non, entre deux ou
plusieurs locuteurs. C'est cette espèce de contrat qui existe entre Aldo et son ami Orlando. Et
les propos de ce dernier ne sont rapportés par le premier que lorsqu'ils signifient d'une façon
peu courante. On signalera ainsi le recours au rapport qui lie la feuille à l'arbre pour
expliquer celui qui unit Orsenna à ses "organes de vie". Ou bien cette façon imagée de parler
de la menace qui pèse progressivement sur Orsenna à la faveur de changements importants
qui ont eu lieu à la tête des "Instances secrètes" :
 "[ ]"une ombre s'allongeait sur la ville"" ( p. 670).
 Ce type de discours particulier à Orlando et que son ami qualifie du reste de
romantique ne peut présenter aucune difficulté de compréhension pour un esprit romantique
comme Aldo.
On comprend mieux l'utilité des guillemets, lorsque l'on rencontre au cours de la
lecture des expressions devenues populaires (au sens culturel du mot) comme le
 " " aussitôt dit, aussitôt fait" " ( p. 664).
qui caractérise l'entrain de Fabrizio dirigeant les travaux de réfection de l'Amirauté ou
" "La trahison dans le sang " "( p.775).
que Vanessa brandit comme un étendard pour se justifier aux yeux d'Aldo. Les guillemets
peuvent aussi donner à deviner des convergences littéraires. Ainsi le "( ) surnom très complaisamment ironique de "Venise des Syrtes" qu on
donnait à Maremma" (p.624).
rappelle implicitement selon B. Boie, la Venise de Balzac dans "Massimila Doni, Corti, 1964, p.282, de Maurice Barrès [dans] Amori et dolori sacrum, Plon, 1921, p.51 [et surtout
de] Thomas Mann dans La Mort à Venise (1912)11".
Ils peuvent signaler aussi un ancrage culturel beaucoup plus étendu, surtout lorsqu'ils servent
à identifier les proverbes, comme celui que cite encore Vanessa pour récuser l'exécution
des espions du gouvernement démasqués dans les rangs des rebelles lors d'une insurrection
dirigée par un Aldobrandi : " est-ce qu'un vigneron brise ses futailles sous le prétexte qu'elles ont déjà
servi ?"( p.624).
Il est indéniable que, lorsque ces performances linguistiques ne sont pas au-delà de
la compétence (toujours au sens linguistique) du lecteur, la compréhension en est plus
facilitée et plus enrichie. L'esprit opère un raccourci appréciable pour saisir ce qu'une
explication objective n'aurait peut-être jamais réussi à suggérer avec autant de force. C'est
en ce sens que ce procédé de signalement joue le rôle d'accélérateur. Inversement, lorsque
la puissance de signification des éléments syntagmatiques signalés échappe au lecteur, le
tonus de la phrase s'en trouve considérablement diminué. Dominique Maingueneau note
fort à propos que "pour que les guillemets puissent faire l'objet d'un déchiffrement
approprié, une connivence minimale entre énonciateur et lecteur est donc nécessaire. Et tout
déchiffrement réussi va renforcer ce sentiment de connivence. L'énonciateur qui use de
guillemets, consciemment ou non, doit se construire une certaine représentation de ses
lecteurs pour anticiper leurs capacités de déchiffrement : il placera les guillemets là où il
présume qu'on en attend de lui (ou qu'on en attend pas de lui s'il veut créer un choc, surprendre). Réciproquement le lecteur doit construire une certaine représentation de
l'univers idéologique de l'énonciateur pour réussir le déchiffrement12".
 

2.2 La majuscule
C'est ce même effet qui se manifeste dans l'usage de la majuscule qui relève le
sens du mot qu'il affecte. Sous la plume de Gracq, elle a une incidence essentiellement
sacralisante car elle permet de convoquer régulièrement la médiation des Écritures dans les
propos des personnages et même dans le récit du narrateur. Marie-Claire Bancquart13
 établira sans s'y appesantir la relation de correspondance entre le mot "Signe" dans la
bouche de Danielo et celui de "sens" qu'explicite le prêcheur de Saint-Damase.
Ce n'est là qu'un aspect très limité de l'immense réseau d'appels et de rappels tissé, par la force évocatrice de la majuscule, entre le "Livre"14
et le livre de Julien Gracq. Il est
difficile de rendre compte de toute la richesse de ces relations dans cette étude restreinte.
 De manière très subtile, la fiction du Rivage des Syrtes se confond d'abord à l'histoire
biblique de la Nativité, s'en sépare longuement pour un développement parallèle et la
retrouve à la fin. Tout commence par des "signes" (p.708) qui révèlent l'existence d'un vide
à combler, d'une attente à satisfaire. Ensuite, la narration se développe en se réfléchissant sur
le grand miroir de la Bible. Le "Sommeil" (p.709) des contemporains de la naissance du
Christ devient la "Pesanteur" (p.709) d'Orsenna ; la "Naissance" (p.709) du rédempteur se
mue en "Avènement" (p.710) d'une guerre et la "Lumière" (p.709) apportée par le Fils est
projetée en "Obscur" ( adjectif substantivé par un article défini ) (p.705) ou "Destruction"
(p.710) qui doit fondre sur Orsenna. Tout porte donc à penser que ce jeu de miroirs ne
projette dans la diégèse du Rivage des Syrtes que des images négatives jusqu'au moment où
cette opposition, apparemment irrévocable, cesse brusquement pour faire place à une
convergence inattendue : la "Lumière" et l'"Obscur" aboutissent au "Sens" (p.710). Car le
sens est ici un : c'est la "Mort" (p.707) (du Christ dans la Bible et d'Orsenna dans le roman)
pour la Vie.
L'écriture de Gracq remet ainsi en selle une conviction très romantique : celle
qui affirme la possibilité d'unir les contraires, qui ignore la dichotomie manichéiste, et la
"Mort" d'Orsenna, qu'elle soit appelée Destruction ou catastrophe n'en est pas pour autant
perçue comme une déchéance15. Cette position périlleuse que tout Orsenna fait sienne en
écoutant le discours du prêcheur, séduit progressivement le lecteur grâce à la médiation de la
majuscule (procédé éminemment biblique).


2.3 L'italique
Cette propriété de la majuscule nous rappelle celle d un autre procédé de
soulignement dont la récurrence est beaucoup plus marquée dans le roman : il s'agit de
l'italique dont la position légèrement inclinée se veut ici le compromis ou plutôt la somme de
la verticalité et de l'horizontalité. Chez Julien Gracq, l'italique rappelle le rôle de la brusque pesée de la voix sur un mot dans
un discours oral. C'est peut-être ce qui explique le fait qu'il affleure souvent dans les paroles
des personnages mais aussi dans le récit lui-même qui peut être envisagé comme une
performance orale. Sa spécialisation dans Le Rivage des Syrtes est double : tantôt il balaie
largement le spectre sémantique du mot qu'il signale à l'oeil, tantôt il y procède à un éclairage
beaucoup plus réduit, plus topique. C'est cette deuxième fonction qui est sollicitée dans ce
passage :
 " [Marino] leva la tête d'un geste vif qui passait l'éponge [ ]"( p.656).
Le capitaine venait juste de terminer, pour ses trois officiers subalternes et pour Aldo, le
compte rendu de "l'affaire d'Ortello [où] il n'était plus question des bruits, et [où] les motifs de
la rupture du contrat restèrent dans une ombre vague" 

( p.655).
Passer l'éponge, c'est effacer mais ici il s'agit de dérober à la raison, comme l'éponge
dérobe à l'oeil, les faits dont une analyse objective permet facilement de saisir la signification. Mais c'est dans la première fonction que l'italique est exploité de façon heureuse et trouve sa
véritable place dans l'écriture du roman. Il s'y singularise par sa capacité à signaler le
caractère amphibologique de ce qu'il souligne. Ainsi la devise d Orsenna,
 "In sanguine vivo et mortuorum consilio supersum" (p.609).
sera commentée par le capitaine Marino devant Aldo, double du lecteur virtuel à qui pourrait
échapper le clignotement de l'italique :
" - Le sens n'est pas clair [ ]. Le sens est indifféremment, ou bien que la ville
survit dans son peuple, ou bien qu'elle demande au besoin le sacrifice du
sang" ( p.795).
 Remarquons cependant que le double sens de la devise n'embarrasse que les
esprits raisonnables comme Marino. L'intrépide Danielo saura transcender cette difficulté et
donner à la phrase énigmatique toute sa signification
16. C'est que l'italique, chez Gracq, dénonce une confusion pour mieux signifier ; il ruine un sens pour atteindre un autre plus
profond. Pour Jean Bessière, il "marque le passage d'un mot à la limite, à sa limite : il devient
une manière de superlatif de lui-même, il ne brouille rien, il se veut plus précis que son
inscription en romain et en même temps, il se distingue, désigne le paroxysme de la
distinction. Il dit exactement et singulièrement et il est, dans ce moment, une manière de
pensée."17
C'est justement cette "manière de pensée" que l'on retrouve dans l'italique du
« Redoutable ». Sans doute, à une époque lointaine, le navire de guerre ainsi désigné portait-il
ce nom à juste titre. Mais, au moment où se dessine de plus en plus précisément le spectre de
la deuxième guerre, cette époque est révolue. Le bateau a vieilli, son moteur crache une
épaisse fumée et ses moyens de défense limités sont attaqués par la rouille faute d'entretien. Le Redoutable n'est plus redoutable pour le ennemis d'Orsenna mais bien pour le pays qu'il
ne saurait défendre et dont il est pourtant, sinon le seul, du moins le principal rempart. L'italique entoure ainsi d'un halo ironique la signification du mot "redoutable" car il participe
toujours d'une poétique de l'approche, mais d'une approche éclairante, qui sollicite
activement la sensibilité. Le mot qu'il met en exergue est moins expression qu'impression. Sa
fréquence, dans les dialogues des personnages (Vanessa /Aldo ; Danielo/Aldo ;
l'Envoyé/Aldo ), se justifie principalement par leurs sensibilités très proches. Il aplanit les
obstacles du langage en faisant sentir ce que le mot en caractère romain ne peut exprimer
que difficilement. Cette imperfection du romain, qui est plus dénotatif et donc moins
suggestif que l'italique, fait d'ailleurs que certaines discussions ne sont qu'une querelle de
mots. En effet les coénonciateurs, mus par un besoin de limpidité cognitive, exigent une
circoncision tranchée des mots. Par contre, chez Julien Gracq, l'italique ouvrant des
perspectives nouvelles, parfois même à l'insu du locuteur, donne à la conversation ce
caractère d'adhésion sans condition qui est la marque de la communion de deux esprits. Aussi peut-on affirmer, comme Gracq parlant d'Henri d Ofterdingen, que, dans Le Rivage
des Syrtes, "on [ne] trouve pas une seule discussion [ ]. La conversation se déroule non
comme un choc de répliques, mais comme un système d'échos indéfiniment enrichis et
amplifiés18".
Toutefois, l'italique qui surdétermine19 les mots pour surmonter les difficultés de
langage, cohabite dans le roman avec les trois points de suspension qui, entre autres rôles, signalent ces mêmes difficultés et avouent l'impuissance du langage.


 2.4 Les points de suspension
Les trois points de suspension sont soit dans le roman des révélateurs de pensée
inachevée lorsque, précocement, ils coupent définitivement une phrase ; soit des révélateurs
d'une hésitation quand ils apparaissent en milieu de phrase. Cette hésitation plus ou moins longue est la preuve que le langage (qu'il soit oral ou écrit)
éprouve parfois des difficultés à exprimer nos pensées et sentiments.
Le mot qui vient immédiatement après les trois points de suspension n'est d'ailleurs
jamais une trouvaille. C'est un ersatz dont la parole (ou l'écriture) ne se contente que parce
qu'elle n'a pas mieux. Les trois points de suspension font le procès de l'écriture comme
Vanessa fait celui de la parole dans ce passage : "Quand il [Marino] montre la main qui a perdu deux doigts dans cette
aventure, on pense malgré soi - comment te dire ? - à quelqu'un qui aurait
reçu les stigmates."( p.768).
 Les points de suspension sont, pour la plupart, dans l'écriture du Rivage des
Syrtes, des "comment( )dire ?" Aussi les trouve-t-on dans le propos des personnages. Danielo notamment fera cette mise au point à Aldo qui croit jouir de la "confiance" de la
Seigneurie :
"- Vous n'avez pas "notre"confiance [ ]Vous ne la méritez et ne l'avez
jamais eue. Vous avez notre aveu. C'est tout ce que peut faire un Etat jeté
dans des circonstances troubles, et remises au hasard" (p.824).
 C'est surtout dans les discours extrêmement cauteleux de l'Envoyé qu'on les
recense. Ils y servent à qualifier la brusque et réversible (si la raison prévaut) tension entre les
deux pays après le viol du traité de paix. Le franchissement de la ligne rouge est, selon le
mot de l'ambassadeur farghien, "cette incartade" (p.824),
qui découlerait peut-être du fait "qu'Orsenna a souffert passagèrement d'une espèce d'insomnie." (p.756).
 On sent dans ces propos l'extrême prudence du diplomate conscient du pouvoir des
mots. En effet, une certaine façon péremptoire de qualifier les derniers événements
équivaudrait à une prise de position qui annulerait de facto l'objet de sa mission
officiellement médiatrice. Ainsi les hésitations (qui dans l'écriture se traduisent en points de
suspension renforcés dans le dernier exemple cité par l'imprécision du mot "espèce" ) sont-elles à la fois le signe d'un désengagement total du locuteur et le révélateur d'âmes
momentanément non accordées (Vanessa et Aldo à propos de Marino) ou se voilant leur
impérieuse complicité puisque les circonstances leur imposent de se regarder en ennemis
(Aldo et l'envoyé). Les mots éclairés par les points de suspension nient leur sens ; mais ils
appellent, en même temps, une signification qui comblera leur vacuité sémantique20.
 Cette
dernière fonction appartient ici à Aldo et, par-delà lui, à Orsenna.
Ainsi, dans la poétique du Rivage des Syrtes, comme dans "le vers de Nerval, la prose
théâtrale de Musset, historique de Michelet ( ), la ponctuation même devient un art ( )"21
.

 En posant, dès le seuil du récit, l'aventure d'Orsenna comme une longue
analepse, l'écriture s'aménage subtilement dans le roman une scène d'auto théâtralisation. La
phrase s'y déploie alors librement et longuement sur les ruines des limites de la syntaxe. Un
déroulement où une certaine ponctuation (points de suspension, points-virgules, tirets, parenthèses, italiques ) intervient régulièrement tantôt comme un ralentisseur en découvrant
de multiples virtualités, tantôt comme un accélérateur lorsqu'elle oriente la phrase vers une
perspective unique. Le mot s'épanouit dans ce cadre nouveau et, du fait qu'il "[ ] est avant
tout tangence avec d'autres mots qu'il éveille à demi de proche en proche, [produit] une
forme d'expression à halo"22, épine dorsale de tout l'oeuvre fictif de Julien Gracq.


NOTES
1
Julien Gracq. (1951). Le Rivage des Syrtes. Paris : José Corti.
Toutes les citations de Gracq seront extraites des tomes I (1989) et II (1995) des Oeuvres
Complètes de la Pléiade
2
 Julien Gracq. Le Rivage des Syrtes. Oeuvres complètes I, pp.819-821.
3
Julien Gracq. « André Breton Quelques aspects de l'écrivain ». in Oeuvres Complètes I. p.481.
4
 Julien Gracq.(1967). Lettrines. Paris : José Corti. in O.C. I. p181.
5
J-P Beaumarchais et al.. (1987). « Romantisme ». in Dictionnaire des Littératures de langue
française M-R. Paris : Bordas.
6 C'est l'auteur qui souligne. 7 La fameuse phrase commence à la page 819 : « A cette heure où l'avaient quitté déjà le
menu personnel » et s'éteint à la page 821 : « ( ) engraissait tout seul qui hissait encore
l'énorme masse jusqu à sa flottaison. » Dans l'édition Corti de 1952 elle atteint cinquante
lignes
8
Julien Gracq. « André Breton Quelques aspects de l'écrivain » . art. cit. p. 485. 9 Selon le Groupe , (Rhétorique de la poésie. ( 1977)., réed. (1990). Paris : Seuil :
coll. « Points »), ces « procédés assimilés à des phénomènes métaplastiques qui, en mettant
l'accent sur le signifiant dans le processus de décodage font mieux apparaître la forme »
(p.329), relèvent de « la poétique gestaltiste » (p.332).
10 Dominique Maingueneau . (2000). Analyser les textes de communication. Paris : Nathan. p.138.
11 Bernhild Boie. in Julien Gracq, Oeuvres Complètes I . op. cit.. p.1375.
12 Op., cit.. p.140.
13 Marie-Claire Bancquart.(1983). « Le Rivage des Syrtes roman des signes ? » . in Revue
d'Histoire littéraire de la France. Mars-avril. 83e
 année : no2. p.216.
14 D'ailleurs nommé à la page 709. 15 C'est cette conception qui débouche sur l'extrémisme de Novalis qui doue les armées
d'un certain "esprit romantique, dont le but est d'anéantir les maux inutiles par eux-mêmes.
Elles prennent les armes pour la cause de la poésie, et les deux armées marchent sous un seul
et même drapeau invisible Beaucoup de guerres( ) représentent d'authentiques poèmes." Cité par J. Gracq in « Novalis et Henri d Ofterdingen ».in O.C.I. Op.cit.. p.994
16 Ce sera aux pages 673-674 : « Je vous engage à méditer la devise d'Orsenna. C'était
l'opinion professée des hommes qui ont fait la grandeur de la Seigneurie, qu'un Etat vit dans
la mesure même de son contact invétéré avec certaines vérités cachées, dont la continuité
seule de ses générations est dépositaire, difficiles à rappeler et dangereuses à vivre, et par là
d'autant plus sujettes à l'oubli du peuple. Ils nommaient ces vérités le Pacte d'alliance, et se
réjouissaient, fût-ce dans le danger et les calamités passagères de la ville, de toute
circonstance qui les faisait resplendir comme d une manifestation visible de son élection et de
son éternité. Les circonstances peuvent faire un jour que vous soyez commis à la garde de ce
pacte que la ville ne saurait dénoncer sans périr. Orsenna attend de vous que vous sachiez être
dans les Syrtes la conscience de son péril faute de quoi, votre démission. »
17 (1991). « Julien Gracq. L'autoreprésentation de l'écriture et la parenthèse de la fiction » . in
Revue des Lettres Modernes : Julien Gracq1. Une écriture en abyme. Paris : Lettres
Modernes. p. 179.
18 art., cit. p.993.
19 Patrick Marot dans « Plénitude et effacement de l'écriture gracquienne » note que
« l'italique ( ) condense dans une surdétermination sémantique propre à « faire littéralement
exploser » la puissance du mot » in Julien Gracq :Une écriture en abyme, op.cit., p.140.
20 On remarquera que, dans Le Rivage des Syrtes, tandis que l'italique invite à naviguer entre
l'inflation et la restriction drastique du sens, les points de suspension imposent une
interprétation extrêmement prudente.
21 Jean-Yves Tadié. (1970). Introduction la littérature du XIXe
s. Paris : Bordas. p.106.
22 Julien Gracq, (1970). Lettrines 2. Paris : José Corti. in Oeuvres Complètes I . Op. ,cit. p.299.





REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE
SUDLANGUES
 N° 6
http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal)
sudlang@refer.sn
Tel : 00 221 548 87 99


http://www.sudlangues.sn/spip.php?article107