Dans la plupart des romans d’Emmanuel Bove publiés avant la seconde guerre mondiale, la pauvreté matérielle et morale, qui recouvre une indigence plus profonde plongeant ses racines dans le soubassement de l’homme, met à nu les ressorts psychologiques en dévoilant la bassesse pathétique de l’humain. Certes, les conditions économiques et sociales imposées à ses personnages ne sont guère brillantes, mais elles sont la manifestation d’un dénuement tragique où l’on peut apercevoir le plus petit dénominateur commun de l’espèce. Bove, tout au long de cette vie d’écriture, approfondit son autopsie sociale avec un sens étonnant du détail qui n’est pas pour rien dans son humour parfois allénien. Ses personnages apparaissent le plus souvent comme des observateurs neutres de situations qui les concernent pourtant directement. Eternels décalés confrontés malgré eux à l’opacité du Réel.
Notes
[1] Emmanuel Bove, Un homme qui savait, Paris, La Table Ronde, 1996, p. 13.
[2] Ibid., pp. 7 et 8.
[3] Ibid., p. 14.
[4] Le Beau-fils, Paris, Grasset, 1934, p. 373.
[5] Journal écrit en hiver, Paris, Flammarion, 1983, p. 44.
[6] Ibid., pp. 44-45.
[7] Philippe Chardin, Le Roman de la conscience malheureuse, Genève, Droz, 1982, p. 295.
[8] Emmanuel Bove, Journal écrit en hiver, op. cit., pp. 43-44.
[9] Ibid., p. 169.
[10] Henri Duchemin et ses ombres, Histoire d’un fou, Paris, Editions Emile-Paul Frères, 1928, pp. 161-162.
[11] Monsieur Thorpe et autres nouvelles, Une illusion, Paris, Le Castor Astral, 1988, pp. 101-102.
[12] Henri Duchemin et ses ombres, op. cit., p. 12.
[13] Ibid., p. 73.
[14] Ibid., p. 96.
[15] Ibid., p. 114.
[16] Non-lieu, Paris, La Table Ronde, 1987, p. 159.
[17] Journal écrit en hiver, op. cit., p. 42.
[18] Mes amis, Paris, Flammarion, 1977, p. 16-17.
[19] Non-lieu, op. cit., p. 350.
[20] Un Raskolnikoff, Paris, Flammarion, 1986, p. 382.
[21] La coalition, Paris, Flammarion, 1986, pp. 324-325.
[22] Idem.
[23] Rencontre, Revue Jungle, n° 9, Paris, Le Castor Astral, 1986, p. 13.
[24] Mes amis, op. cit., p. 108.