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25 avr. 2016

Supplément à la "Banalité de Heidegger", par
 Jean-Luc Nancy






(Le volume 97 de la Gesamtausgabe (Anmerkungen I-V des Schwarze Hefte allant de 1942 à 1948) n’a été publié qu’après la parution de mon livre. J’y avais cité un passage rendu public par Donatella di Cesare mais je n’avais pas encore lu le volume. Un passage a retenu mon attention et m’a paru exiger le supplément que voici.)

1

Dans les Anmerkungen I du volume 97 les pages 138 et 139 (pp. 90-91 du volume) présentent un ensemble de trois paragraphes dont le thème offre un caractère sinon tout à fait unique du moins ici accentué de manière exceptionnelle. (Je ne prétends pas maîtriser le contenu intégral des Schwarze Hefte mais il me semble que ce thème n’y reçoit pas ailleurs la même frappe.) Il se résume de manière simple : le christianisme aurait dû être capable de résister au déclin de l’Occident.
Avant d’aborder ce passage je donne quelques repères qu’on peut considérer comme orientés par cette pensée dans les volumes précédents des Cahiers (je m’abstiens d’explorer plus largement, en particulier dans les Beiträge, car ce serait un autre travail.)
On peut relever, dans la continuité d’un motif que j’ai déjà signalé, plusieurs passages où Heidegger a insisté sur une différence profonde entre un aspect du christianisme et un autre. Très souvent l’ecclésiastique et l’apologétique ont été distingués d’une foi supposée véritable, aussi bien que la théologie, la « métaphysique hégélienne » ou la pensée de Kierkegaard. Ainsi dans le vol. 94, p. 388, est-il question d’un épuisement croissant de la foi chrétienne, ce qui lui suppose une ancienne vitalité. A la p. 523 on trouve ceci : « le christianisme a éveillé et façonné les forces de l’esprit, de la discipline et de la fermeté d’âme qu’il ne faut pas écarter de l’histoire occidentale, d’autant moins qu’elles agissent encore, fût-ce de manière contournée, et qu’elles donnent encore la « tenue » à des individus. Mais ce n’est pas là que se jouent les grandes décisions. Le christianisme a perdu depuis longtemps toute puissance pour l’originaire ; il a rendu historienne (historisch) sa propre histoire (Geschichte). » Une affirmation comparable se retrouve au vol. 96, p. 261-262.
Il y a donc – sous bénéfice d’inventaire – une indication récurrente de la différence interne entre une dynamique initiale du christianisme et son alourdissement à la fois dans la religion du salut et dans une collusion avec la métaphysique et la culture de l’Occident. Le christianisme aurait perdu sa propre vigueur. Il l’aurait donc d’abord possédée. C’est cette possession d’une propriété insigne disparue « depuis longtemps » que marque avec une force rare le passage du vol. 97 que je veux lire. (Depuis combien de temps cette perte est-elle consommée – y compris lorsque ses effets sont encore sensibles – c’est ce qui n’est pas dit. Tout permet de soupçonner que c’est en quelque sorte une perte originaire. Nous ne serions peut-être pas très loin du  « il n’y a eu qu’un seul chrétien »  de Nietzsche et ainsi d’un thème de pureté initiale abolie dans son surgissement qui pourrait offrir une analogie avec « l’oubli de l’être ».)
Cette propriété s’énonce ici dans le mot Eindeutigkeit : univocité. La dernière phrase du passage dit : « On cite [c’est Jaspers qui est nommément visé] des passages de lettres de Paul comme les vérités fondamentales et on laisse ainsi de côté tout ce qui pouvait favoriser l’univocité chrétienne (des Christlichen, c’est-à-dire de l’élément chrétien plutôt que du christianisme-Christentum). »
Cette univocité donne le mot de la fin d’un passage qui a commencé par le reproche adressé au christianisme de n’avoir rien fait contre « le débordement, la frénésie et l’équivocité de la volonté de volonté. » et d’avoir au contraire « partout soutenu l’épuisement [ou l’évanouissement, Ohnmacht]». La volonté de volonté (ou « pour » - zum – la volonté) est une des façons de désigner la clôture métaphysique par excellence : le détournement complet de toute correspondance au Seyn. En se voulant pour elle-même la volonté veut l’étant et se veut comme étant. Il n’est pas possible ici de remonter dans l’analyse de ce motif. Signalons seulement que dans le même volume Heidegger a écrit : « La volonté est le blocage. Tout ce qui bloque (das Sperrige) vient de la volonté. » Entendons : tout ce qui bloque l’ouverture vers das Seyn.
L’équivocité de cette volonté répond à l’équivocité qui caractérise la métaphysique, c’est-à-dire l’entretien d’une équivoque entre l’être et l’étant, leur confusion par conséquent ou la substitution du second au premier. Pour le dire d’un mot : le sens de l’être est univoque (qu’on prenne ce génitif comme subjectif ou comme objectif). (Ce qui n’empêche pas qu’il existe une autre univocité, celle de la technique, plusieurs fois désignée dans les Cahiers.)
Heidegger précise alors que même là où a pu se manifester un vouloir qui pouvait sembler s’opposer à la volonté de volonté, le christianisme n’a pas « comme tel » vaincu mais il a seulement calculé un pacte pour participer au mouvement qui conduit à détourner « la discorde du Seyn » vers « la discorde à l’intérieur de la volonté de volonté », c’est-à-dire à la guerre mondiale entre les prétendants à la domination de leur propre vouloir. En clair, et en faisant ici l’économie des nombreuses analyses et références à l’intérieur des Cahiers, l’affrontement des volontés métaphysiques, raciales, dominatrices et calculatrices – nommément, les Nazis et les Juifs, mais aussi les Juifs américains ou démocrates et les Juifs bolcheviks – engloutit l’ouverture de l’être, sa tension entre son sens et l’étant dont il donne le sens, dans « le plus extérieur du caractère public et vulgaire de l’humanité ». A ce compte, ajoute-t-il, on peut en même temps traiter cet affrontement comme la « paix mondiale ».
2
Le christianisme apparaît ainsi en tant qu’il se conforme à l’historicité historisch : il « objectifie l’historialité en calculation d’un « éternel » qui en vérité ne se révèle et n’ « est » que dans l’unicité d’un envoi (eines Geschickes) et qui pour cela « a » « son » temps, qu’il approprie et apporte lui-même – mais qui ne se laisse pas ranger et porter à son unique dans le cadre étendu d’une séquence temporelle. »
Cette phrase est très remarquable : Heidegger y mobilise des termes chrétiens – éternel, révéler – ainsi que le motif majeur du « temps propre » de l’ « unique ». Il faut relever que le temps propre tel qu’il est ici esquissé correspond assez bien au temps messianique en tant que temps que le Messie décide de lui-même pour lui-même. A ses disciples qui lui demandent quand il reviendra restaurer le Royaume, le Christ réplique que ce n’est pas à eux de connaître les « temps ou les occasions – chronous hè kairous » (Actes des apôtres, I,7 ; l’expression se retrouve ailleurs chez Paul). Entre bien d’autres, cette référence ne peut pas être simplement absente du texte que nous lisons ici…
Ce texte poursuit immédiatement, à l’alinéa suivant, en déclarant : « La peur de l’historial, c-à-d. de l’unicité de l’envoi, le ne-pas-pouvoir-laisser se faire l’appropriation dans l’ancienneté de l’unique, appartient à l’essence de l’histoire-Historie ». « L’ancienneté de l’unique » traduit mal die Einstigkeit des Einzigen (dont en même temps l’assonance doit plaire à Heidegger). L’adverbe einst a le sens de « loin dans le passé » (et parfois aussi dans le futur). Il provient de ein (un) et peut être comparé au « une fois » de "il était une fois ". Il s’agit donc du caractère de survenue unique, immémoriale et aussi bien à venir, de l’Unique lui-même. Dans l’essai de 1938/40 « L’Histoire de l’être » (vol. 69 de la GA) Heidegger écrit que « l’être est le ce-qui-a-lieu-une-fois (das Einstige) » et souligne lui-même la double valeur passée et future du terme.
Le refus du une-fois de l’unique – ou de être en tant qu’événement – caractérise la falsification de l’envoi historial en historicité « privée d’envoi » - de destination, d’aptitude à correspondre à l’événement. Heidegger consacre une douzaine de lignes à pourfendre l’histoire, la psychologie et la philosophie de l’ « absence de pensée » qui finissent par « s’accoupler avec le christianisme et la foi » jusqu’à se dégrader dans un « moralisme » dont Jaspers est nommé comme le représentant devenu incapable de reconnaître sa propre trahison. C’est de lui donc qu’il s’agit dans la dernière phrase : « On cite des passages des passages de lettres de Paul comme les vérités fondamentales et on laisse ainsi de côté tout ce qui pouvait favoriser l’univocité chrétienne. »
3
Il y a donc et il aurait dû se manifester une univocité chrétienne qui aurait fait pièce à l’équivocité métaphysique. Univocité, c’est-à-dire aussi clarté, évidence. En somme, une évidence et une certitude chrétiennes à hauteur d’une pensée de l’unicité de l’être ont été perdues par le christianisme lui-même. Cette perte est à la fois l’effet d’une sorte de perversion historique par le calcul des possibilités de domination et pourtant aussi comme entamée dès le début : on ne peut pas bien discerner si Paul est considéré en lui-même ou bien surtout dans son utilisation par le « moralisme ».
S’ouvrent ici des perspectives complexes d’exploration sur les rapports de Heidegger avec le christianisme. Ce qui affleure comme soupçon à cause des signaux déjà repérés auparavant donne  lieu dans ce passage à une déclaration : le christianisme a failli à ce qui aurait dû lui incomber. Qu’il ait failli d’emblée n’empêche pas qu’il aura manqué à une destination propre pour l’ "univocité ".
Ce n’est pas ici le lieu d’avancer plus loin dans ce sens. C’est en revanche celui de se demander comment ce rapport au christianisme se rattache ou non à l’antisémitisme. Plus haut dans les mêmes Anmerkungen I il a été question du rapport du christianisme au judaïsme. A la page 20, Heidegger pose un principe de généalogie à partir de l’axiome que « tout anti- doit provenir du même fond essentiel que cela contre quoi il est anti- ». Ainsi en va-t-il de l’Anti-Christ ou de l’anti-christianisme : il est encore chrétien en quelque façon.  Dans les Cahiers antérieurs il est arrivé que l’anti-christianisme nazi, en particulier sous la forme d’une « affirmation de la vie », soit tourné en dérision. Ici il sert plutôt à remonter dans la généalogie : le christianisme est issu du judaïsme, est-il aussitôt rappelé. On en conclut que le premier participe du second. Celui-ci est aussitôt caractérisé comme « le principe de la destruction dans l’époque de l’Occident chrétien, c’est-à-dire de la métaphysique.» La destruction est ensuite imputée surtout à Marx et à la détermination par « l’économie, c’est-à-dire l’organisation – c’est-à-dire le biologique – c’est-à-dire le ‘peuple’» : on glisse ainsi très vite de communisme en nazisme.
Le prochain alinéa enchaîne sur le combat du « juif » (adjectif) « au sens métaphysique » « contre le juif ». Ce combat – à la fois juif/nazi et bolchevik/américain – détermine « le sommet de l’auto-annihilation dans l’histoire ». Ce motif déjà apparu dans les Cahiers antérieurs est ici lié au motif chrétien et/ou antichrétien d’une manière qui ne laisse pas entrevoir la moindre protestation contre une perte de l’ « univocité » chrétienne. Sans que ce soit précisé, on doit comprendre que le christianisme a pactisé avec la destruction. L’antijudaïsme ou antisémitisme chrétienne ne retient pas l’attention.
En revanche l’alinéa suivant rappelle la pensée du « premier commencement » grec, « resté en dehors du judaïsme c-à-d. du christianisme ». Puis un alinéa d’une seule ligne ajoute : « L’obscurcissement d’un monde n’atteint jamais la lumière silencieuse de l’être (Sein) ».
4
Parce que juif, le christianisme n’a rien à faire avec l’envoi de l’être. Il recélait pourtant une univocité qui aurait pu le mettre à la hauteur d’une opposition à la destruction, juive par principe, de cet envoi. Le christianisme est donc juif et non-juif. Or bien avant Heidegger le christianisme s’est contorsionné dans cette espèce de double-bind. Il a voulu assumer et dépasser sa provenance autant qu’il a voulu la désavouer et la rejeter. Paul est le témoin majeur de ce double processus. Il est celui qui déclare qu’il n’y a plus ni Juif, ni Grec. Il faut qu’il y ait une originarité entière du christianisme, mais elle se constitue à partir d’une provenance juive. Ce que Paul emporte dans une assomption qu’on pourrait dire romaine, Heidegger le refuse au nom d’une lumière grecque originaire, intacte en son envoi primordial.
Il ne peut cependant s’empêcher d’indiquer comme la possibilité d’un autre envoi, non moins lumineux peut-être, qui se serait lui-même étouffé comme christianisme. Mais qui aurait pu ou qui aurait dû avoir lieu…
De cela non plus, on ne traitera pas ici. En revanche il faut souligner combien l’antisémitisme se trouve ainsi fondé dans son plus authentique fondement, qui est chrétien (et singulièrement paulinien). Le christianisme s’est défini par le rejet de sa provenance – ou bien, plus largement, peut-être faut-il dire que le monothéisme (le refus des dieux en tant qu’idoles) s’est déterminé comme une sortie de tout régime de fondation, d’autochtonie sacrée et qu’il s’est ainsi engagé dans un processus de provenance, de généalogie interminable (en arrière comme en avant) voire d’errance avec lequel il a voulu lui-même trancher en s’inventant comme autoengendrement.
Quoi qu’il en soit, il lui fallait rejeter sa provenance. A l’intérieur du phénomène de la naissance du monde prémoderne il y a une réjection interne à ce monde, comme s’il devait conjurer sa propre incertitude quant à sa légitimité. Le Juif est très vite chargé de la faute et il la porte d’antijudaïsme en antisémitisme moderne, couvert des oripeaux les plus misérables d’une accusation d’essence : il est le calcul, la machination, la volonté de domination, le principe de destruction puisqu’il n’a pas su ou pas voulu reconnaître la nouvelle origine. Voilà comment l’antisémitisme de Heidegger est banal : il charrie la vulgarité répandue par un discours incessant et cristallisé en dénonciation raciste haineuse lorsque le monde chrétien et postchrétien se met à se déchirer lui-même.
Heidegger voit le désastre de ce monde. Il l’interprète à la fois en Grec et en chrétien. En tant que Grec, il veut être au-dessus de la mêlée et endurer un oubli que l’être lui-même pourrait finir par « retourner » comme il l’écrit en 1946 dans La Parole d’Anaximandre. Mais en tant que chrétien – puisqu’il l’est, en dépit de tout, il l’est même tout banalement, frotté qu’il est de théologie et de spiritualité – il lui faut disqualifier le peuple qui n’a pas reconnu le Christ. Mais si le Christ portait la possibilité d’un autre envoi, celui-ci avait-il affaire avec la provenance juive ? Et sinon, le Christ aurait-il été Grec un instant ? L’absurdité a peut-être tourmenté Heidegger. Mais pas trop, car l’antisémitisme lui offrait à propos un matériau propre à expliquer la catastrophe occidentale. Ce qui suppose d’abord que la perception d’une catastrophe soit la seule possible – encore une question d’univocité – et ensuite qu’on accepte plus ou moins secrètement, dans des carnets privés, de rabattre la métaphysique sur le racisme biologisant de ces mêmes nazis à qui on reproche la misère de leur absence de pensée.
Sur l’antisémitisme, Heidegger ne reviendra pas, on ne le sait que trop bien. En revanche il s’est un peu soucié de ce que son anti-christianisme puisse être mal compris. Dans les Anmerkungen II il précise (p. 199 du volume) qu’il ne faudrait pas le prendre pour encore chrétien (ce qui pourtant serait cohérent avec son principe généalogique !). Il précise qu’il « ne peut pas » l’être et que cette impossibilité tient à ce que « en termes chrétiens, je n’ai pas la grâce. Je ne l’aurai pas aussi longtemps que la pensée reste exigée pour mon chemin. » Il y aurait donc une incompatibilité foncière entre la grâce et la pensée. On ne peut toutefois s’empêcher de remarquer qu’ « avoir la grâce » n’est justement pas une expression chrétienne très rigoureuse si la grâce n’appartient qu’à Dieu qui la donne. Disons qu’il y a ici au moins une pensée assez courte. De même on peut relever qu’elle survient dans un passage consacré à récuser la « démythologisation  du christianisme » pour cause de maintien à l’intérieur du christianisme théologique. Peut-être aurait-il pu montrer une attention un peu plus déliée… (certes, il essaie de ménager Bultmann, mais pourquoi donc ?).
Plus tard (Anmerkungen IV, p. 409) Heidegger se montre plus simpliste encore en écrivant que « peut-être le dieu des philosophes serait tout de même plus divin que le Dieu d’Abraham qui ne peut en souffrir aucun autre à côté de lui et dont le fils Jésus envoyait rôtir en enfer tous ceux qui ne l’aimaient pas. » Banalité voltairienne, cette fois… Heidegger en homme des Lumières ?
Il existe chez lui un embarras devant ou avec le christianisme. Peut-être est-il au fond traversé de ce mouvement archéophilique dont l’insistance à travers le christianisme est remarquable. De Nietzsche en Kierkegaard et en Dietrich Bonhoeffer ainsi que par bien d’autres insiste une autodéconstruction du christianisme qui se montre hantée par une sorte de promesse à rebours, si on peut dire : celle de soustraire le christianisme à lui-même. Sans pour autant le reconduire au judaïsme, plutôt en remontant plus profond et en allant au-delà des deux (et de l‘islam avec eux, pourrait-on ajouter). Heidegger pourrait avoir partagé confusément un tel souci. Pas assez cependant pour ne pas tenir bon à une origine grecque trop purement éblouissante pour être partageable et du coup à un antisémitisme sordide et à un antichristianisme embourbé.
Dans le même volume on trouve, p. 453, l’affirmation qu’il est essentiel « que dans la pensée nous ayons en propre le manque de la divinité (la mise en réserve), en tant que le fait qu’il y a du manque à approprier dans l’appropriation ». Si cette phrase difficile (inutilement contournée ?) veut bien dire que la ressource du divin doit toujours manquer pour laisser ouverte notre exposition à être – alors il est au moins possible d’affirmer qu’il n’était pas du tout nécessaire d’en passer par cette vulgarité, par cette indignité et par cet embourbement. Au contraire.
Mais peut-être par là Heidegger nous aura-t-il malgré lui rendus plus sensibles à ce que recouvre non pas l’oubli, mais l’inoubliable de l’antisémitisme :  une fêlure et une fermeture, conjointes, de l’Occident.
La phrase que je viens de citer pourrait résonner comme un prolongement surprenant à celle par laquelle Jean-François Lyotard terminait il y a presque trente ans son Heidegger et « les juifs » , évoquant Celan et pensant peut-être au « Loué sois-tu, Personne. » :  « ‘Celan ‘ n’est ni le commencement, ni la fin de Heidegger , c’est son manque : ce qui lui manque, ce qu’il manque, et dont le manque lui manque. »    
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Jean-Luc Nancy, mars 2016







16 janv. 2014



A
Abbild
likeness. See also Bild
Abbilden
reproduction. See also Bild
Abgrund
abyss. See also Grund
Ablauf
process. See also Vorgang
Abwandlung
inflection (in grammatical context); variation
Abwesen
absence. See also wesen
allgemein
universal
Allgewalt
almighty sway. See also walten
Alltag
everyday life
alltäglich
ordinary
Anblick
view; aspect; look; viewpoint; vista. See also sehen
Andere, das
Other
Anfang
inception. An inception, for Heidegger, is not merely the starting point of a process but an origin of a
historical epoch that continues to have significance throughout that epoch.
Related words
anfangen initiate
anfangend incipient
anfänglich inceptive; initial
Anschein
semblance. An illusion, a deceitful appearance. See also Schein
Ansehen
aspect; respect. The word can mean both an appearance of something and renown or prestige. See also sehen
Ansicht
view; view upon beings. See alsos ehen
anwesen
come to presence. Heidegger uses a wide variety of words in connection with presence, which he
interprets as the fundamental meaning of Being for the Greeks.
Related words
Anwesen coming to presence
An-wesen coming-to-presence; pre-sencing
Anwesende, das that which comes to presence
Anwesenheit presence
See also Gegenwart; gegenwärtig; Gegenwärtigkeit; präsentieren, sich; Schein; vorhanden;
Vorhandenheit; Vorhandensein; vorkommen; vorliegen; vor-liegen; wesen
aufgehen
emerge. Along with abiding (verweilen), emerging is one of the two main traits ofp husis as Heidegger
sees it.
aufgehend
emerging; emergent
Aufgeschlossenheit
openedness. See also offen
Aufhebung
sublation. In Hegel, to sublate a concept or position is to overcome it while preserving its limited
truth within a higher truth.
Aufnahme-stellung
position to receive
aufnehmend
receptive
aufreißen
tear open; rip open. See also Riß
Aufriß
contour; outline. See also Riß
aufschließen
disclose. See also offen
Augenpunkt
viewpoint. See also sehen
Augenschein
look of things. See also sehen, Schein
Auseinandersetzung
confrontation. Auseinandersetzung is Heidegger's own translation of the Greek word polemos (war), an
important theme explored in this work. In terms of its etymology, the German word means a
setting-out-and-apart-from-one-another, and it underlies Heidegger's understanding of phenomena as
diverse as truth, history, and politics. In everyday German, Auseinandersetzung has a range of
meanings, including clash, discussion, debate, argument, or a settling of accounts. Sometimes,
Heidegger hyphenates this word in various ways to emphasize the disentangling or oppositional action
of Auseinandersetzung: Aus-einander-setzung: confrontational setting-apart-from-each-other.
Aus-einandersetzung: con-frontation. See also Satz; Satzung; setzen; Setzung
auseinanderstreben
strive in confrontation
auseinandertreten
disjoin; step apart
Auseinandertreten
disjunction
Auslegung
interpretation; exposition
auslesen
select
Ausshen
look. See also sehen
Aussehensweisen
modes of appearance. See also sehen
Aussicht
view granted by beings. See also sehen
B
Bedeutung
meaning. See also Sinn
befragen
interrogate. See also fragen
begründen
found. See also Grund
Bereich
domain
bergen
hold within it; possess. See also unverborgen
Besinnung
meditation
Bestand
subsistence; substance. See also stehen
beständig
continuous. See also stehen
Beständigkeit
stability. See also stehen
bestehen
subsist; undergo. See also stehen
bestimmen
determine; define
bestimmt
definite; determinate
Bestimmung
determination; definition; vocation
bewältigen
surmount. See also walten
Bild
picture. Through a series of plays on this word, Heidegger suggests a genealogy and critique of the
representational understanding of truth, which he traces back to the Platonic theory of "forms."
Related words
bilden to form
Bildung formation
See also Abbild; Abbilden; hineinbilden; Musterbild; Nachbild; Umbildung; Urbild; Vorbild; vorbilden
bleiben
remain; stay; endure
Bleiben
endurance; enduring
Blick
view. See also sehen
Blickbahn
perspective. See alsos ehen
Blickfeld
point of view. See also sehen
Bodenständigkeit
rootedness
brauchen
use; need to use; require. The German verb can mean either "to use" or "to need."
D
Dasein
Dasein. See Translators' Introduction. See also Sein
Da-sein
Being-here. See also Sein
dichten
poetize
Dichten
poetry
Dichtung
poetry
durchnehmen
analyze. See also zergliedern (analyze)
durchwalten
pervade in its sway. See also innehaben; walten
Durchwaltende, das
pervasive sway
E
echt
genuine
eigenständig
autonomous; self-standing. See also stehen
eigentlich
authentic, real; really, actually.
einfügen
fit into. See also Fug
einheimisch
at home. See also unheimlich
entbergen
display. See also unverborgen
ent-bergen
de-concealing. See also unverborgen
entbergend
unconcealing. See also unverborgen
Ent-borgenheit
de-concealment. See also unverborgen
entfalten
unfold
entscheiden
decide. For Heidegger, decision is to be understood in terms of a fundamental "cutting" or "division"
(Scheidung).
Related words:
entscheidend decisive
Ent-scheidung de-cision
See also Scheidung; Unterscheidung
Entschlossenheit
resoluteness
Ent-schlossenheit
open resoluteness. The hyphenation suggests the meaning "un-closedness." See Being and Time,
§60. See also offen
entspringen
originate
entstehen
come about; originate. See also stehen
ent-stehen
stand forth, arise; arise and stand forth. See alsos tehen
Entstehen
genesis. See also stehen
Ereignis
event. This word becomes crucial for Heidegger in the Contributions to Philosophy
(1936–1938), but it is used in its ordinary sense in Introduction to Metaphysics.
erfragen
inquire into. See also fragen
Erkenntnis
knowledge. See also Kenntnis.
Erkenntnishteorie
epistemology
Erlebnis
lived experience
ernötigen
necessitate. See also Not
eröffnen
open up. See also offen
Eröffnung
manifestation. See also offen
erscheinen
appear. It is important to keep in mind that for Heidegger, appearing pertains to Being itself; appearing
is not originally the antagonist of Being. See also Schein
Erscheinung
appearance; phenomenon; manifestation. See also Schein
erschließen
disclose. See also offen
Erschwerung
burdening
erstehen
arise. See also stehen
erwirken
bring about; gain; work out
er-wirken
put to work
Existenz
existence. See also Sein
F
Fortriß
tearing-away. See also Riß
fragen
ask; question. See also befragen; erfragen
Fug
fittingness; dispensation. With the constellation of words related to Fug, Heidegger is trying to
articulate the sense in which structures of meaning "fit" together as engendered by the encounter of
Being with Dasein.
Related words
Fuge joint; fit
fügen enjoin; dispose
fügen, sich comply
Fügung arrangement
See also einfügen; Gefüge; Unfug; verfügbar; verfügen
G
Geborgenheit
safety. See also unverborgen
Gediegenheit
perdurance
Gefüge
structure. See also Fug
Gegensatz
contradiction; opposite; opposition
Gegenteil
opposite
Gegenwart
the present; present. See also anwesen
gegenwärtig
present. See also anwesen
Gegenwärtigkeit
presentness. See also anwesen
Geist
spirit. The German word has a very broad sense; it refers to the qualities that raise human beings
above other animals and enable them to have culture, history, and thought.
geistig
spiritual
Gerede
chatter
geschehen
happen
Related words
Geschehnis happening
Geschichte history
geschichtlich historical
Geschichtswissenschaft historical science; the science of history
Geschick destiny
See also Schicksal
Gesicht
visage; aspect
Related words
Gesichtskreis purview; perspective
Gesichtspunkt viewpoint
See also sehen
Gesollte, das
what ought to be. See also Sollen, das
Gestalt
form
gestalten
to form. See also bilden; verunstalten
Gewalt
violence. The German word does not always have the connotation of arbitrariness of the English
''violence" and sometimes it could also have been translated as "force."
Related words
Gewalten violent forces
gewaltig violent; mighty
gewaltsam violent
Gewalt-tat act of violence
gewalt-tätig violence-doing
Gewalt[-]tätigkeit violence-doing; doing violence
See also walten
Ge-Wesende, das
that which essentially unfolds as having been. See alsow esen
Gewesene, das
what has been; what is past. See alsow esen
gleich
identical. See also selbe
gleichgöltig
indifferent
Grenze
limit
Grund
ground; reason; foundation; im Grunde = at bottom; fundamentally.
Related words
grund- grounding; fundamental; basic
Gründung grounding; foundation
Grundzug basic trait
See also Abgrund; begründen
H
Habe
holdings
handhaben
to handle. See also vorhanden
handlich
handy; tangible. See also vorhanden
heimisch
homely. See also unheimlich
Herkunft
provenance
Herrschaft
dominance. See also Vorherrschaft
herrschen
rule; prevail
Hersagen
hearsay. See also sagen
herstellen
produce
her-stellen
pro-duce. The hyphenation suggests the meaning "to set forth."
hervor-bringen
pro-duce
Hinblick
view. See also sehen
hineinbilden
incorporate. See also Bild
hineinschauen
view into. See also sehen
hineinsehen
see into. See also sehen
hin-nehmen
taking-in. Hinnehmen ordinarily means to take or accept.
Hinsicht
respect; aspect; hinsichtlich = with respect to; im Hinsehen auf = in view of. See also
sehen
hören
hear; hearken
hörig
obedient; hearkening
I
innehaben
pervade. See also durchwalten
Interpretation
exegesis. See also Anslegung
Irre
errancy. See also Verirrung
K
Kampf
struggle; sich erkämpft = struggles itself forth
Kenntnis
information. See also Erkenntnis
Kluft
chasm
Kraft
force; strength; energy
L
Leistungssinn von x
sense of what x can achieve
Leitsatz
guiding principle. See also Satz
Logos
logos
M
Machenschaft
machination
Macht
power
Mann
man. See also Mensch
Maß
measure
maßgebend
definitive; standard-setting; providing the measure
Maßstab
standard
Mensch
human beings; humanity; the human being; the human; man; Normalmensch = average
man. This is the generic, gender-neutral term.
Menschsein
Being-human
Muster
model
Musterbild
model. See also Bild
N
Nachbild
imitation. See also Bild
nachsagen
say again. See also sagen
Nennkraft
naming force
Nichtdasein
not-Being-here. See also Sein
Nichtige, das
nullity
nichts; Nichts
nothing
Nichts, das
Nothing
Nichtsein
not-Being; nicht-sein = not-to-be. See also Sein.
Not
urgency; predicament. Not tut, Not ist = is needful. Not means a situation of distress, emergency,
or urgent need. In the 1930s Heidegger often says that all necessity (Notwendigkeit) is grounded in
urgency (Not).
Related words
nötig necessary; required
nötigen urge; compel
notvoll dire
Notwendigkeit necessity
See also ernötigen
O
offen
open. For Heidegger, the questions of Being and truth are also the question of openness: that is, how
is it that an open region opens up, within which we can stand open to the unconcealment of beings as
such?
Related words
offenbar revealed; open
offenbaren reveal
Offenbarkeit openness
offenbarmachen reveal
Offenbarung revelation
Offene, das the open
Offenheit openness
offenkundig manifest; evident
See also Aufgeschlossenheit; aufschließen; Ent-schlossenheit; eröffnen; Eröffnung; erschließen;
verschließen
optisch
optical. See also sehen
Ort
place; locus
P
Perspektive
perspective. See also sehen
präsentieren, sich
present itself. See also anwesen
R
Rang
rank. See also Vorrang; Vorrangstellung
Rede
discourse
reden
to talk
reißen
draw. See also Riß
Riß
draft. See also aufreißen; Aufriß; Fortriß; reißen
S
sagen
say
Related words
Sage saga
Sagen speech; speaking; discourse
See also Hersagen; Sprache; sprechen; Spruch; weitersagen
sammeln
gather. Heidegger interprets Greek logos as gathering.
Satz
sentence; proposition; statement. See also Auseinandersetzung; Leitsatz
Satzung
ordinance. See also Auseinandersetzung
schauen
to view. See also sehen
Scheidung
division. See also entscheiden
Schein
seeming; illusion; light. According to Heidegger, seeming was not originally separate
from Being but was part of the self-manifestation or "shining" of beings. Occasionally
Heidegger does use the word Schein to mean a deceptive manifestation; on these occasions we
translate it as "illusion." However, his usual word for a deceptive manifestation is Anschein
(semblance).
Related words
scheinen seem; shine; shine forth
scheinend seemly
See also Anschein; anwesen; Augenschein; erscheinen; Erscheinung; sehen; Vorschein; zum
Vorschein bringen; zum Vorschein kommen
scheitern
shatter
Schicksal
fate. See also geschehen
sehen
see; von x her gesehen = from the point of view of x. Heidegger explores the phenomenon of seeing,
in the broadest sense, through a wide variety of words. Seeing as a human
activity corresponds to the self-showing of beings or Being (see anwesen; Schein). See also
Anblick;Ansehen;Ansicht; Augenpunkt; Augenschein; Aussehen; Aussehensweisen; Aussicht; Blick;
Blickbahn; Blickfeld; Gesicht; Gesichtskreis; Gesichtspunkt; Hinblick; hineinschauen; hineinsehen;
Hinsicht; hinsichtlich; optisch; Perspektive; schauen; Sicht; sichten; Sichtweite; Übersicht; Vorblick;
Vorblickbahn
seiend
in being. This is a verbal adjective describing something that is. The reader must hear "being" in the
translation here in a manner distinct from a being in the sense of an entity or thing. See alsoS ein
Seiend, das
the being; "das Seiend" = the in-being. When Heidegger employs das
Seiend in his discussions of the pre-Socratics, this very uncommon usage parallels the ambiguous
Greek expression to on or to eon. Sometimes the Greek and German expressions seem
to refer to beings as such, sometimes they seem to refer to Being, and sometimes their meaning is
indeterminate. See also Sein
Seiende, das; Seiendes
beings; what is; that which is. See Translators' Introduction. See also Sein
Sein
Being. That by virtue of which all beings as such become accessible to us.
Related words
Seiendheit beingness
seiend werden come into being
sein be; to be; to-be. This is the infinitive form of the verb.
Seinsvergessenheit oblivion of Being
See also Dasein; Da-sein; Existenz; Nichtdasein; Nichtsein; seiend; Seiend, das; Seiende, das,
Seiendes; Un-seiende, das; Unseiendes, Unsein; Vorhandensein
selbe
same. What is "the same" is not necessarily identical (gleich):.
Selbigkeit
selfsameness
selbstverständlich
self-evident
setzen
set; set up; put; posit. See also Auseinandersetzung
Setzung
positing. See also Auseinandersetzung
Sicht
view. See also sehen
sichten
to view. See also sehen
Sichtweite
vista. See also sehen
Sinn
sense; Sinn des Seins = meaning of Being. The phrase "meaning of Being" is well-established in
English translations of Heidegger; in other contexts, we have translated Sinn as "sense" in order to
distinguish it from Bedeutung (meaning).
Sitten
mores
soll
should
Sollen, das
the ought. See also Gesollte, das
Sprache
language. See also sagen
sprechen
speak. See also sagen
Spruch
saying. See also sagen
Sprung
leap. See also Ursprung
Stand
stand; stance; status. See also stehen
ständig
constant. See also stehen
Ständigkeit
constancy. See also stehen
Stätte
site.
stehen
to stand. See also Bestand; beständig; Beständigkeit; bestehen; eigenständig; entstehen; ent-stehen;
Entstehen; erstehen; Stand; ständig; Ständigkeit; Verstand; Verständigkeit; verstehen
stellen
place; pose; set
Stellung
orientation; position
Streit
strife
U
Übergewalt
excessive violence. See also walten
Übermacht
superior power
Übersicht
overview. See also sehen
überwältigen
overwhelm. See also walten
Umbildung
transformation; transfiguration. See also Bild
umdeuten
reinterpret
umwalten
envelop in its sway. See also walten
Unfug
unfittingness; un-fit. See also Fug
unheimisch
homeless. See also unheimlich
unheimlich
uncanny. Heidegger's word for the Greek deinon. The word might also be
rendered as "unsettled"; it is a condition in which one is not at home (Heim).
Related words
unheimisch homeless
See also einheimisch; heimisch
Un-seiende, das
un-beings
Unseiendes
an unbeing
Unsein
un-Being. The un- in these three words connotes not just negation but badness or wrongness.
See also Sein
Unterscheidung
distinction. See also entscheiden
unverborgen
unconcealed. For Heidegger, truth is an event of unconcealment in which beings become accessible
and understandable to us. This unconcealment is not the discovery of particular, factual "truths" but
rather the establishment of the structures of meaning whereby such discoveries themselves become
possible. See also bergen; entbergen; ent-bergen; entbergend; Entborgenheit; Geborgenheit;
verbergen
Unverborgenheit
unconcealment. See also wahr
urprimal;
originary
Urbild
archetype. See also Bild
Ursprung
origin
Related words
Ur-sprun originary leap
ursprünglich original; originary
Ursprünglichkeit originality
See also Sprung
V
verbergen
conceal. See also unverborgen
Verfall
decline
verfügbar
available. See also Fug
verfügen
have at its disposal. See also Fug
Vergangene, das
what is past. See also Gewesene, das
vergewaltigen
violate. See also walten
Verirrung
aberration. See also Irre
vernehmen
apprehend. Heidegger's translation of the Greek noein.
Vernehmung
apprehension
Vernichtung
annihilation
versagen
withhold
Versagen
failure
versammeln
gather. See also sammeln
verschließen
close off. See also offen
Verstand
understanding. See also stehen
Verständigkeit
astuteness. See also stehen
verstehen
understand. See also stehen
verunstalten
deform. See also gestalten
verwalten
govern. See also walten
Verwaltung
governance. See also walten
verweilen
abide. Along with emerging (aufgehen), abiding is one of the two main traits of phusis as Heidegger
understands it.
verwirklichen
actualize; realize. See also wirklich
Volk
people.
Vollendung
fulfillment.
Vorbild
prototype. See also Bild
vorbilden
prefigure. See also Bild
Vorblick
prior view. See also sehen
Vorblickbahn
prior line of sight. See also sehen
Vorfrage
preliminary question
Vor-frage
prior question. ''How does it stand with Being?"
Vorgang
process
Vorgehen
procedure
vorhanden
present at hand
Vorhandenheit
presence at hand
Vorhandensein
Being-present-at-hand. See also anwesen; Sein
Vorherrschaft
predominance. See also Herrschaft
vorkommen
present itself; can be found. See also anwesen
Vorkommnis
occurrence
vorliegen
lie at hand. See also anwesen
vor-liegen
lie before us; lie at hand before us. See also anwesen
Vorrang
precedence. See also Rang
Vorrangstellung
preeminent position
Vorschein
manifestation. See also Schein
Vorschein bringen, zum
make manifest. See also Schein
Vorschein kommen, zum
manifest itself; make itself manifest. See also Schein
vorstellen
represent
vor-stellen
re-present; set forth. This spelling suggests the root meaning, "to set before."
Vorstellung
representation; notion, when it carries a broad, vague sense, much like the everyday English use of "idea".
In its narrow sense, this word refers to a particular, "representational" understanding of truth and thinking.
vorwaltend
prevailing. See also walten
W
wahr
true
Walten
sway
walten
to hold sway.
See also Allgewalt; bewältigen; durchwalten; Gewalt; Gewalten; gewaltig; gewaltsam; Gewalt-tat;
gewalt-tätig; Gewalt[-] tätigkeit; Übergewalt; überwältigen; umwalten; vergewaltigen; verwalten;
Verwaltung; vorwaltend
weitersagen
pass on. See also sagen
Wesen
essence
wesen
essentially unfold. In modern German, the noun Wesen means "essence," but the archaic or poetic
verb wesen can mean "to be," "to live,'' or "to dwell"; vestiges of this verb are found in forms of the
modern German sein (to be), such as gewesen (been). Through his use of wesen, Heidegger seeks to
evoke a sense of essence that is not a What, an idea, but rather an aspect of Being: a happening, a
process, an unfolding. For this reason, we translate wesen as "essentially unfold."
See also Abwesen; anwesen; Anwesen; An-wesen; Anwesende, das; Anwesenheit; Ge-Wesende,
das; Gewesene, das; Sein
Widerstreit
antagonism; conflict. See also Streit
widerwendig
contrary; conflicting
wieder-holen
repeat and retrieve; re-trieve. For an elucidation of this concept, see Being and Time, §74.
Willkür
arbitrariness
wirklich
actual
Wissen
knowledge; knowing
Würde
worth
würdigen
deem worthy
Z
zergliedern
analyze. See also durchnehmen




Introduction to Metaphysics
Martin Heidegger

german-english glossary
New translation by Gregory Fried and Richard Polt